Jura
Les techniques du GIGN aident les élus à désamorcer les conflits
Les maires du Jura devraient se voir proposer dans les prochains mois une formation pour en finir avec les agressions et les incivilités. Une initiative plutôt bien accueillie.
Par S.G.
« Les insultes et les dégradations sont devenues monnaie courante », regrette Daniel Bondier, maire de Plainoiseau. « On y est confronté quasiment toutes les semaines et on ne peut plus rien dire, comme sur le port du masque ou certaines attitudes au city stade. On sait que ce sera mal ressenti. »
Pour y remédier, le ministère de l’Intérieur et l’Association des maires de France ont fait savoir fin mars qu’une formation pouvait être proposée aux élus par la gendarmerie nationale. Des exercices pratiques et théoriques, développés avec la cellule nationale de négociation du GIGN, doivent leur permettre de faciliter le dialogue. L’association des maires du Jura, qui veut privilégier le présentiel, attend l’amélioration des conditions sanitaires pour les programmer.
« On sait qu’on va au casse-pipe »
Pour Daniel Bondier, « c’est une bonne chose, même si on ne peut pas faire que désamorcer les conflits. » L’élu jurassien préférerait qu’on élargisse les pouvoirs de police des maires. « Quelque part, on sait qu’on va au casse-pipe » ; de plus en plus de différends se soldant par des violences physiques. Il en a fait lui-même l’amère expérience en 2016. Mis K.-O. alors qu’il venait constater des dégradations à la salle des fêtes. Son agresseur s’en tirera avec quatre mois de prison avec sursis.
Des cas heureusement assez rares dans le Jura mais qui ne sont plus isolés. L’un des conseillers municipaux de Cousance s’est ainsi vu attribuer 30 jours d’incapacité temporaire de travail l’été dernier, après avoir été violenté en interpellant un attroupement de jeunes. « Nous avons tous les deux porté plainte. Ils ont écopé d’une peine de 18 mois avec sursis », précise Christian Bretin, le maire.
Des mises en situation
Sa commune, marquée par les incivilités, a décidé de prendre les devants en adoptant le dispositif de surveillance « participation citoyenne » et en plaçant 12 caméras de vidéosurveillance. Ce qui semble aujourd’hui porter ses fruits.
En charge de la formation à l’Association des maires du Jura, Christian Bretin voit un début de réponse dans cette initiative, qui passera par des mises en situation. Tout comme Christine Riotte, nouvellement élue à Foucherans en 2020, qui n’a pas rencontré jusqu’ici de problème majeur. « Le dialogue permet de régler beaucoup de choses. C’est le lot de tous les maires. » Être une femme ne l’amène pas à plus d’appréhension. Cela participerait même à limiter les agressions. « On ose sans doute moins », estime-t-elle.