Savoie : deux ans de prison ferme pour une course poursuite mortelle à Chignin
Mercredi 17 mars 2021 à 5:49 – Par Luc Chemla, France Bleu Pays de Savoie
Un homme de 24 ans a été condamné ce mardi à Chambéry à deux ans de prison ferme, et un an avec sursis, pour homicide involontaire et blessures involontaires. Il était jugé suite à une course-poursuite en voiture avec les gendarmes en 2017 qui s’est soldée par la mort d’un de ses amis, à Chignin.
Un Savoyard de 24 ans a écopé ce mardi d’une peine de deux ans de prison ferme, et un autre avec sursis, pour homicide involontaire et blessures involontaires. Jugée en correctionnelle au tribunal de Chambéry, l’affaire remonte à 2017.
Jugé pour avoir tué involontairement son ami
Dans la nuit du 24 au 25 août, une course-poursuite entre un véhicule, avec à son bord quatre jeunes adultes, et une voiture de gendarmes se termine tragiquement par la mort d’un des passagers âgé de 20 ans. Le groupe d’amis revient alors de Valloire, après être parti de Saint-Jean-de-Maurienne. Les gendarmes reçoivent eux un signalement leur annonçant qu’un vol à main armé vient d’être commis dans la station et que l’auteur est probablement dans une Citroën Saxo. Ils repèrent le véhicule.
J’ai mûri, je suis droit dans ma vie, c’est fini les conneries »
Débute alors une course-poursuite de plusieurs kilomètres, sur la départementale 1006. Le conducteur ne veut pas se laisser dépasser, il ne ralentit donc pas. Cependant, la voiture des gendarmes les rattrape et s’ensuit un choc à Chignin. Le groupe fait une sortie de route ainsi que plusieurs tonneaux. Le passager avant décède à la suite de ses blessures. Les autres sont eux gravement blessés et souffrent notamment d’un traumatisme crânien et d’un pneumothorax.
« J’ai eu peur, je n’avais pas le permis »
Seul le conducteur était jugé ce mardi. Visés par une enquête de l’IGGN, les gendarmes ont eux été innocentés. Interrogé à plusieurs reprises sur son comportement le soir du drame, le Mauriennais explique « avoir eu peur car je n’avais pas le permis de conduire. » Ce soir-là, il a bu et consommé des produits stupéfiants. Déjà condamné à plusieurs reprises pour vol ou encore outrage, il l’affirme, « j’ai mûri. Je suis droit dans ma vie, c’est fini les conneries. » Affecté, parfois hésitant, l’homme de 24 ans n’arrive pas durant son procès à prononcer le prénom de son copain disparu. « Cela me fait mal au coeur, ça me brise. »
On se demande s’il connaît le mot empathie »
Dans la salle d’audience l’émotion est vive, la dizaine de membres de la famille de la victime présente est très affectée et certains sont en larme. Les avocats de la partie civile s’agacent du comportement du prévenu. « Je suis glacé par son détachement. On se demande s’il connait le mot empathie« .
Un jugement « juste » pour l’avocat de la défense
Trois avocats représentent les différentes parties civiles, qui sont à la fois la famille du jeune homme décédé et les deux autres passagers du véhicule. Les gendarmes sont présents mais sans avocat. Lors de sa plaidoirie Maître Florian Diaz, qui représente ce jour-là Maître David Metaxas, avocat de la famille de la victime, dénonce le fait que « certains sont sur le banc de la partie civile aujourd’hui alors qu’ils devraient être sur un autre banc, celui des prévenus. »
A 24 ans, il a la vie devant lui et pourtant elle est déjà fichue »
L’avocat vise clairement les gendarmes, dont il estime leur intervention disproportionnée et responsable de la sortie de route. L’avocate du prévenu, Maitre Marion Célisse, défend son client, « est-ce parce qu’il n’a pas présenté d’excuse aujourd’hui que c’est un psychopathe ? Je ne crois pas. Il a tellement honte. A 24 ans, il a la vie devant lui et pourtant elle est déjà fichue« . Elle reconnaît néanmoins que le jugement est « juste » et que son client doit désormais « assumer » et se « reconstruire« .