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Le - Cyberattaques. En Normandie, ces experts de la gendarmerie conseillent les entreprises

Mis en ligne le 12/03/2021 à 06:55

Cyberattaques. En Normandie, ces experts de la gendarmerie conseillent les entreprises

Sécurité. À l’heure où les cyberattaques se font de plus en plus nombreuses, des spécialistes en nouvelles technologies du groupement de gendarmerie de l’Eure prodiguent leurs conseils aux entreprises euroises.

Le maréchal des logis chef Jonathan Catel est l’un des deux gendarmes NTech du groupement de l’Eure. (Photo : C.R./PN)
Le maréchal des logis chef Jonathan Catel est l’un des deux gendarmes NTech du groupement de l’Eure. (Photo : C.R./PN)

Les cyberattaques, réussies ou avortées, se sont multipliées ces derniers mois, tant à l’échelle mondiale que nationale. Microsoft, l’Agence européenne du médicament et plus récemment les centres hospitaliers de Dax-Côte d’Argent (40) et Villefranche-sur-Saône (69) font partie des organismes ciblés.

Plus localement, votre quotidien Paris-Normandie, le centre hospitalier Charles-Nicolle de Rouenle groupe de presse Ouest-France ou encore la Ville d’Évreux et l’Agglomération Évreux Portes de Normandie ont également fait les frais de hackeurs depuis le 17 novembre 2020.

 Plus de 360 entreprises sensibilisées

Cette recrudescence d’attaques est telle que le gouvernement a annoncé débloquer une enveloppe d’un milliard d’euros pour le secteur de la cybersécurité.

Mais la gendarmerie nationale n’a pas attendu cette multiplication de faits pour prendre le sujet de la cybercriminalité à bras-le-corps. « Elle s’est mise en ordre de bataille dès le premier confinement », apprécie le lieutenant-colonel Jean-Yves Bouedo, commandant adjoint du groupement de gendarmerie de l’Eure.

En plus de leurs missions traditionnelles, les deux militaires spécialistes des nouvelles technologies du groupement — des NTech dans le jargon —, basés à Évreux, se sont vu confier la tâche de faire, gratuitement, de la sensibilisation et du conseil auprès des entreprises du département. Priorité a été donnée aux établissements de santé — hôpitaux, cliniques, laboratoires — situés dans le secteur du ressort de la gendarmerie.

Depuis près d’un an, les NTech eurois ont ainsi prodigué leurs conseils en cybersécurité auprès de 232 entreprises industrielles, 47 établissements de santé (dont des centres de vaccination) et 82 collectivités locales. « Certains établissements n’ont pas répondu à nos sollicitations, soit parce qu’ils ne se sentaient pas concernés — mais ça, c’était avant l’attaque contre le CHU de Rouen — soit parce qu’ils n’ont pas les personnels dédiés », précise le lieutenant-colonel Bouedo.

Concrètement, ce travail de sensibilisation se traduit par des coups de fil réguliers ou des déplacements lorsque nécessaire auprès des entreprises. « On réalise un diagnostic sous forme de questionnaire avec notre interlocuteur afin d’évaluer la sûreté informatique, décrypte le maréchal des logis-chef (MDC) Jonathan Catel, l’un des NTech. Les professionnels ont parfois du mal à évaluer les risques d’une cyberattaque, que ce soit par l’utilisation de moyens informatiques, téléphoniques ou par Internet. »

Ces risques sont pourtant multiples. Cela peut aller du dénigrement de l’entreprise sur les réseaux sociaux au vol de données commerciales ou confidentielles et de savoir-faire. Les pirates peuvent également demander des rançons. « Lorsque des entreprises font l’objet de hacking, dans les deux ans, les plus petites d’entre elles mettent la clé sous la porte, illustre le lieutenant-colonel Bouedo. Si nous n’allons pas vers les PME et TPE, le risque est grand que le boulet les percute de plein fouet. »

Si les cyberattaques ne sont pas nouvelles, elles se sont « accentuées avec le recours massif au télétravail », convient le MDC Catel.

Pour le moment, et depuis que cette veille est opérationnelle, le groupement de gendarmerie de l’Eure n’a recensé, « à sa connaissance », aucune plainte déposée par des professionnels eurois pour cyberattaque.

En revanche, les différentes brigades du département enregistrent depuis quelques jours une recrudescence de plaintes de particuliers dont les données de santé issues de laboratoires de biologie médicale, dont Cerballiance dans l’Eure, ont fuité sur Internet.Du terrorisme à la pédopornographie

Les gendarmes NTech ne sont pas uniquement chargés de faire du conseil et de l’assistance auprès des entreprises du département.

Les missions des deux spécialistes eurois sont bien plus larges puisqu’ils sont compétents dans tous les champs de la cybercriminalité : radicalisation, terrorisme, pédopornographie…

En plus d’une veille active sur les réseaux sociaux, ces experts ont pour tâche d’assister les enquêteurs des unités territoriales du département quand ils ont affaire à des investigations sur des appareils numériques. Ils recherchent par exemple des indices sur des supports saisis dans le cadre d’une enquête tels que des appareils photo, des téléphones portables, des clés USB, des ordinateurs, des caméscopes, des CD, des DVD…

 Des correspondants dans les brigades

Le groupement de gendarmerie de l’Eure dispose de NTech depuis 2001. Avant, la gendarmerie ne comptait qu’une cellule centralisée à la direction générale, à Paris. En plus des deux NTech, le groupement de l’Eure peut s’appuyer sur des Correspondants NTech (C-NTech) présents dans les différentes brigades. Ils sont actuellement 27 dans l’Eure. Une montée en puissance est prévue d’ici à la fin du mois de mars avec 49 C-NTech.

Ces correspondants, formés par les spécialistes en nouvelles technologies du groupement, ont pour mission de « nous décharger d’une partie de notre travail. Ils sont limités au domaine du téléphone, c’est-à-dire qu’ils sont aptes à analyser les appareils mobiles », décrit le MDC Catel.Particuliers

Depuis 2017, la gendarmerie nationale s’est dotée d’une brigade numérique, basée à Rennes. Cette plateforme cyber traite toutes les questions, sur tous les sujets. Elle peut donc notamment répondre aux particuliers qui auraient été victimes d’une cyberattaque ou autre escroquerie numérique. Elle fonctionne 24 heures sur 24, sept jours sur sept, mais ne s’occupe pas des urgences.

Pour joindre la brigade numérique : www.contacterlagendarmerie.fr

Catherine ROL

Journaliste

Source : www.paris-normandie.fr

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