Articles

Le - six personnes mises en examen après le démantèlement d’un réseau de « mariages blancs »

Faits divers – Justice

Ardennes : six personnes mises en examen après le démantèlement d’un réseau de « mariages blancs »

Vendredi 19 février 2021 à 17:19 – Mis à jour le samedi 20 février 2021 à 9:10 – Par Sylvie BassalStéphane MaggioliniFrance Bleu Champagne-ArdenneFrance Bleu

Charleville-Mézières

Un réseau de mariages blancs démantelé dans les Ardennes. Deux femmes sont soupçonnées d’avoir organisé des unions afin que l’un des deux époux obtienne un titre de séjour, voire, à plus ou moins brève échéance, la nationalité française. 88 mariages ont été célébrés ces dix dernières années.

Les fausses robes, des fausses mariées, découvertes par les gendarmes.
Les fausses robes, des fausses mariées, découvertes par les gendarmes. © Radio France – Stéphane Maggiolini

Un important réseau de mariages blancs a été récemment démantelé dans les Ardennes, a annoncé ce vendredi 19 février le procureur de la République de Charleville-Mézières, lors d’une conférence de presse. Six personnes venaient d’être présentées à un juge dans le cadre d’une information judiciaire, trois jours après leur interpellation.

Toutes ont été mises en examen pour organisation frauduleuse de mariages en vue de frauder la nationalité, aide aux séjours irréguliers d’étrangers, faux et usage de faux en bande organisée. Deux femmes, originaires des Ardennes, sont soupçonnées d’être à la tête de ce réseau, l’une est placée en détention provisoire, l’autre sous surveillance électronique. Elles encourent jusqu’à 10 ans de prison.

Conférence de presse du procureur de la République de Charleville-Mézières, ce vendredi 19 février
Conférence de presse du procureur de la République de Charleville-Mézières, ce vendredi 19 février © Radio France – Stéphane Maggiolini

88 mariages frauduleux en 10 ans

L’enquête, menée depuis près d’un an par les enquêteurs de la gendarmerie des Ardennes et la section de recherches de Reims, a permis d’établir des faits qui « remontent pour certains à plus d’une dizaine d’années« , précise le procureur de la République Laurent de Caigny. La « marieuse » organisait de fausses unions civiles pour permette à l’un des deux époux de bénéficier d’un titre de séjour ou encore de la nationalité française.

Des mariages franco-algériens, le plus souvent, mais aussi franco-tunisiens, célébrés dans différentes mairies. Au moins 88 unions frauduleuses ont été recensées en plus d’une décennie, « voire une centaine, sans compter celles soumises à prescription« , précise le parquet. 22 dans le seul département des Ardennes, le reste dans la Marne ou en région parisienne. L’organisatrice fournissait aux faux époux de faux documents, de faux témoins, des robes, des costumes : l’attirail parfait pour faire comme si tout était vrai. Un « service » facturé 23.000 euros, dont 13.000 revenaient à la marieuse et 8.000 pour le ou la conjoint(e) français(e).

Aidée en prison

« C’était une véritable petite entreprise« , pour le procureur de la République de Charleville-Mézières. La marieuse était aidée par des membres de sa famille, notamment lorsqu’elle séjourne en prison dans le cadre d’autres affaires judiciaires. L’une de ses proches devient complice et « assure l’intérim » pour continuer l’organisation des mariages. 

L’illusion est quasi-parfaite, le bouche-à-oreille prend de l’ampleur et les faux mariages sont de plus en plus nombreux jusqu’aux premiers soupçons et aux premiers signalements, parvenus aux gendarmes, en juin 2019. Les enquêteurs sont notamment alertés par un adjoint au maire (le nom de la commune n’a pas été communiqué) qui a reconnu parmi les faux témoins, une femme qui s’était mariée – frauduleusement – dans cette même mairie quelques semaines plus tôt. Le dernier mariage blanc remonte à début février 2021, quelques jours avant l’interpellation des protagonistes dans cette affaire.

Si le réseau est maintenant démonté, l’enquête se poursuit pour éclaircir le volet financier de cette affaire. Lors de la saisie, le 16 février dernier, seuls 13.000 euros et une voiture avaient été retrouvés. Les enquêteurs cherchent à savoir où est passé le reste des bénéfices. Le procureur de la République des Ardennes va également demander l’annulation des 22 mariages frauduleux recensés sur son territoire.

La saisie des militaires de la SR de Reims, le 16 février dernier.
La saisie des militaires de la SR de Reims, le 16 février dernier. © Radio France – Stéphane Maggiolini
Sylvie Bassal

Sylvie Bassal

France Bleu Champagne-Ardenne

Stéphane Maggiolini

Stéphane Maggiolini

France Bleu Champagne-Ardenne

Source : www.francebleu.fr

Be Sociable, Share!