Disparition de Delphine Jubillar : l’aide de la brigade nautique de Marseillan
Insolite Publié le 14/02/2021 à 05:05
Les gendarmes héraultais participent aux recherches sur la disparition de l’infirmière à Cagnac-les-Mines. L’adjudant Laurent Cattrini, commandant adjoint, détaille leurs missions.
L’adjudant Laurent Cattrini est commandant adjoint à la brigade nautique de Marseillan, dans l’Hérault. L’unité, composée de six gendarmes, intervient près de 70 fois dans l’année dans toute l’Occitanie. Ces dernières semaines, elle a effectué plusieurs fouilles dans le Tarn, dans le cadre de l’affaire Delphine Jubillar, cette infirmière disparue depuis près de deux mois.
Quelles sont vos missions ?
Notre mission prioritaire, c’est la mission plongée. Nous sommes les seuls avec la brigade de Saint-Cyprien, dans les P-O, à faire cela. Nous travaillons au profit de toutes les unités d’Occitanie dans le cadre d’affaires judiciaires, de recherches d’objets ou de corps. Nous avons également des missions annexes comme le contrôle de la pêche de plaisance, le contrôle de la pêche professionnelle, la navigation de plaisance et professionnelle, ainsi qu’un volet ostréiculture avec le bassin de Thau où nous faisons des contrôles réguliers.
En cas de disparition, quel est le processus ?
On est sollicités soit par une compagnie de gendarmerie ou une section de recherches, soit par la police, dans le cadre d’une recherche d’arme, de voiture, d’objet, de personne…
On nous indique une zone de recherches en fonction des éléments qu’eux détiennent. On met ensuite en place les techniques de recherches en fonction de ce que l’on doit trouver et du milieu dans lequel on le recherche. On n’utilise pas les mêmes techniques qu’on soit dans la mer ou dans une rivière. En mer, les misions peuvent être plus compliquées car la zone est plus grande et on a rarement un point précis de disparition.
Quelles techniques utilisez-vous ?
On travaille avec des sonars qui permettent essentiellement de dégrossir une zone. Puis on utilise les techniques des circulaires ou des linéaires. Dans un cours d’eau, on profite d’avoir une personne sur la berge qui pourra nous guider dans nos recherches subaquatiques.
Quand on est arrivés à détecter quelque chose avec un sonar mais que l’on ne sait pas ce que c’est, on plonge un poids, avec un cordage et une bouée. Les plongeurs descendent le long de ce cordage. Au fond de l’eau, on tire un bout (un cordage, NDLR). Les plongeurs s’alignent tous dessus et ils tournent. Plus l’objet est petit, plus on est rapproché pour ne pas passer à côté. Quand on est dans un endroit avec du courant, on ne peut pas mettre en place cette technique. Dans ce cas, on se déplace en linéaire, notamment dans les rivières. En fonction des berges, le bout est relié à la terre avec un gendarme qui nous donne la bonne longueur et la vitesse de progression.
Dans l’affaire de la disparition de Delphine Jubillar, vous avez sondé plusieurs endroits dont le Tarn : y avait-il une demande particulière de la section de recherches ?
Nous n’avons aucune connaissance de l’affaire. Les enquêteurs nous sollicitent pour faire tel point. On a des objectifs et on effectue ces objectifs en fonction de la mission qui nous est désignée. Ça s’arrête là.
Vous êtes intervenus plusieurs fois sur l’affaire Jubillar. Allez-vous y retourner ?
Je ne sais pas. Ça dépend du besoin des enquêteurs. À aucun moment on dit : « Il faut fouiller là ou là. » Ce sont eux qui désignent des objectifs en fonction des éléments qu’ils ont.
Pourquoi depuis près de deux mois qu’elle a disparu, n’y a-t-il pas eu de fouilles plus fréquentes et plus tôt ? C’est compliqué de vous répondre sur ce sujet…Quelle est la particularité de cette affaire ?
Pour nous, il n’y a aucune différence. On la traite de la même manière. La seule différence, c’est qu’elle est médiatisée.
Les techniques de recherches sont-elles différentes selon que vous recherchez un objet ou un corps ?
Non. La seule différence, c’est que lorsque vous cherchez un corps, vous allez être plus espacé car ce que vous cherchez est plus grand. On avancera beaucoup plus doucement et ce sera plus minutieux si on doit chercher un téléphone par exemple.
Comment êtes-vous équipés ?
On a des combinaisons qui ne laissent pas entrer l’eau. On travaille avec un masque intégral. Quasiment tout notre corps est protégé du froid. On porte des gants spéciaux que l’on met de façon à ce qu’il n’y ait pas nos empreintes ADN si on doit manipuler un cadavre.
Comment cela se passe une fois que vous avez découvert un corps ?
Cela dépend de l’environnement. Il faut savoir que 90 % des plongées se font dans le noir absolu. Si ce n’est pas le cas, on fixe la scène avec des appareils photos subaquatiques. On fait des prélèvements. S’il a des plaies, on prend des photos, on les mesure. On récupère les insectes sur le corps dans des échantillons, ce qui permet de dater la mort. Ce que l’on peut faire sur terre, nous le faisons sous l’eau avant de sortir le corps.
L’eau n’efface-t-elle pas toutes les preuves ?
Non. Nous pouvons relever des empreintes, des échantillons de sang aussi.
Trouver un corps dans l’eau, dans le noir, presque à tâtons, demande beaucoup de sang-froid…
Quand on fouille, on sait ce que l’on cherche. Il y a évidemment de la surprise et de l’étonnement. Mais au fil du temps, l’habitude et l’expérience font qu’on arrive à gérer la situation. Quand on découvre un corps, on met en place nos réflexes professionnels. Pour ma part, je ne pense pas forcément au cadavre mais à ce que j’ai à faire et comment je dois le faire.
MIDI LIBRE