Gonesse-Arnouville : 1,5 t de tabac à chicha saisie et un réseau de contrebande démantelé
Un semi-grossiste de tabac de contrebande et ses revendeurs présumés ont été mis en examen. Les gendarmes ont saisi de la marchandise et plus de 100 000 euros en espèces.
Par Frédéric Naizot avec Vincent Gautronneau Le 8 février 2021 à 19h42
Le rideau de fer du grand bazar d’Arnouville est baissé. C’est là, notamment, que le tabac chicha de contrebande se revendait sous le manteau, ainsi que dans un autre magasin du trafiquant présumé un peu plus loin, dans la même avenue Pierre-Semard. Ce trafic a été démantelé par les gendarmes de la section de recherche des transports aériens de Roissy (SRTA). Leur enquête a abouti, la semaine dernière, à la mise en examen du commerçant et de cinq autres suspects après celle de leur fournisseur présumé intervenue au printemps.
L’enquête de la gendarmerie débute en avril dernier, en pleine période de confinement. Le groupe d’appui et de renseignement de l’unité décèle à Gonesse un trafic de tabac à chicha importé illégalement de l’étranger par une filière organisée.
Un homme suspecté d’être à la manœuvre est identifié puis placé sous étroite surveillance. Les planques confirment rapidement l’activité de semi-grossiste du suspect qui opère depuis son domicile, en plein jour, malgré les mesures sanitaires et le confinement, écoulant sa marchandise proposée sur Snapchat.
80 000 euros dissimulés dans un sèche-linge
L’homme est interpellé. Au cours de cette première opération, les enquêteurs ont découvert lors d’une perquisition à son domicile de Villiers-le-Bel les éléments révélateurs d’un trafic de grande ampleur. Ils ont retrouvé et saisis 425 kg de tabac à chicha de contrebande et plus de 106 000 € en espèces. Avec ce détail significatif : 80 000 € de cette somme étaient dissimulés dans le sèche-linge.
A la suite de cette première opération menée sous l’autorité du parquet de Pontoise, une information judiciaire est ouverte. Après plusieurs mois d’observations et d’investigations sur commission rogatoire du juge d’instruction de Pontoise, deux autres protagonistes, issus de la communauté sri-lankaise, sont identifiés et localisés dans le Val-d’Oise. Gérants de deux commerces, dont le Bazar d’Arnouville, ils sont soupçonnés de revendre le tabac à chicha.
9 personnes placées en garde à vue la semaine dernière
Mardi dernier 2 février, une seconde opération est menée en présence du juge d’instruction, mobilisant pas moins de 60 militaires de la gendarmerie des transports aériens, les enquêteurs de la SRTA et ceux de la compagnie de Roissy, ainsi que le renfort des unités d’intervention et cynophiles de la gendarmerie des transports aériens de Roissy et le soutien de la police municipale locale. Le coup de filet vise 9 personnes qui ont été placées en garde à vue. Pas moins de 15 autres protagonistes sont par ailleurs entendus par le service d’enquête.
Selon les gendarmes et le tribunal judiciaire de Pontoise, « cette opération permet de confirmer l’ampleur du trafic, représentant une grande part du chiffre d’affaires des commerces perquisitionnés ». L’accent est mis sur des saisies portant « sur près d’1,5 tonne de tabac à chicha, soit une valeur marchande d’environ 120 000 €, et plus de 100 000 € en espèces ».
C’était devenu la principale ressource de son commerce
Le gérant du Bazar d’Arnouville aurait reconnu revendre du tabac à Chicha depuis 2016, ce qui était devenu la principale ressource de son commerce. Il est aussi question de revenus « extrêmement confortables » générés par la vente du tabac en espèces, ce que confirmeraient les perquisitions menées dans son pavillon où la marchandise était stockée et son train de vie « soutenu ». Il aurait également admis avoir profité du confinement pour développer encore davantage son activité.
Outre le second commerçant d’Arnouville, pour qui la vente de tabac de contrebande représentait 30 % de son chiffre d’affaires et permettait la survie de son commerce, une femme est également poursuivie pour avoir stocké la marchandise chez elle.
« Chacun d’eux travaillait de son côté, indépendamment l’un de l’autre », indique l’avocat des deux commerçants d’Arnouville, Me Jacky Attias. « Ils admettent leurs responsabilités. Chacun assumera sa part au moment venu. Mais ils n’étaient que des pions dans ce trafic. » L’un d’eux a été condamné en 2018 pour les mêmes faits.
Des voitures et des comptes saisis
En ce qui concerne le volet financier de l’enquête, les comptes bancaires des protagonistes ainsi que des véhicules ont fait également l’objet de saisies judiciaires au titre des avoirs criminels.
Parmi les 9 suspects jugés prioritaires par les gendarmes de la SRTA, 6 ont été déférées devant le juge d’instruction à l’issue de leurs gardes à vue et mis en examen dans le cadre de l’information judiciaire ouverte par le parquet de Pontoise pour détention et importation en bande organisée de tabac de contrebande, blanchiment et association de malfaiteurs.