Dickx, chien de Saint-Hubert, et pisteur dans l’âme
Races. Sur les 550 chiens qui constituent le cheptel de la gendarmerie, ils ne sont que quatorze Saint-Hubert, affectés exclusivement à la recherche de personnes disparues. Portrait.
L’adjudant-chef Genieys se souvient : c’était en 2010 et c’était l’une des premières fois qu’il partait en pistage avec Dickx, chien de Saint-Hubert. « Selon l’expression consacrée, nous intervenions en deuxième rideau, explique-t-il, le premier chien n’était pas parvenu à retrouver la personne disparue. » Un homme qui avait absorbé une grande quantité de médicaments avant de s’enfuir dans la forêt voisine.
« Dickx était le chien de la dernière chance. Nous avons fait une première tentative en fin de journée dans les pires conditions : le temps était chaud et sec, ce qui compromet la diffusion des odeurs. À la tombée de la nuit, nous n’avions pas retrouvé le disparu. »
400 interventions
Mais Jérôme Genieys n’abandonne pas. Il décide de dormir sur place avec Dickx pour reprendre les recherches dès l’aube. Il table sur la fraîcheur nocturne. « Le froid et l’humidité agissent comme des exhausteurs d’odeurs. » Dès 6 h, le gendarme repart en pistage. « Dickx a directement retrouvé l’homme recherché. Inanimé mais vivant. »
Aujourd’hui en poste au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie, à Gramat (Lot), Jérôme Genieys a formé des dizaines de techniciens cynotechniques. Au pistage-défense, à la recherche de stupéfiants, d’armes, de munitions ou encore de billets de banque. Réformé à l’âge de 9 ans en 2018, Dickx n’y participe plus. Mais l’adjudant-chef l’a gardé à ses côtés jusqu’à la fin : « Je suis intervenu plus de 400 fois avec Dickx. Passionné de travail et grand amoureux des humains, il était constamment à fond. »
Particulièrement robuste et endurant, le Saint-Hubert est utilisé de longue date aux États-Unis par les forces de police. « En Europe, il n’a intégré nos effectifs que depuis quarante ans mais n’importe quel gendarme vous le dira : quand on a travaillé avec un Saint-Hubert, on a du mal à repartir avec une autre race de chien en pistage. »
Un flair infaillible
Et pour cause : les Saint-Hubert sont dotés de 300 millions de cellules olfactives contre 200 millions environ pour un chien conventionnel. « Du coup, ils repoussent les limites de l’olfaction, notamment en milieu urbain où ils n’ont pas leur pareil pour tenir une piste. Leur capacité à discriminer les odeurs est exceptionnelle. » Leur caractère aussi : « Disons qu’ils sont aussi affectueux qu’ils sont cabochards. »
Comment fait le maître pour suivre ? « Soyons clairs, il faut avoir une (très) bonne condition physique, une poigne de fer (dans un gant de velours) et ce lien particulier à l’animal, qu’on appelle chez nous le « sens cynophile ». Et ça, précise l’adjudant-chef, ça ne s’improvise pas. »