Tribunal
Excès de vitesse et course-poursuite avec les gendarmes : prison avec sursis et permis suspendu
Publié le 20/12/2020 à 14h00
Un automobiliste de 27 ans a « paniqué » au moment d’être contrôlé, le 20 décembre 2019, au péage de Myennes. Il a aussi perdu ses moyens lors de son jugement pour refus d’obtempérer, excès de vitesse et défaut d’assurance, mercredi 16 décembre, à Nevers.
Mickaël vient de réparer sa Renault Laguna. Le 20 décembre 2019, il la « pousse un peu » sur l’A77. À l’approche du péage de Myennes, sur une zone limitée à 120 km/h, il est flashé à 172. Après la barrière, un gendarme lui indique le parking pour une verbalisation. Au moment d’approcher d’un autre militaire, il accélère subitement.
Il roule à 90 km/h dans les rues de Myennes, puis à 120 hors agglomération, avec une voiture de gendarmerie à ses trousses. Avant Saint-Amand-en-Puisaye, au bout de 5 km de course-poursuite, il se range sur un chemin de terre, sort du véhicule et lève les bras en l’air.
Vous vous rendez compte que vous encourez cinq ans de prison maintenant, alors que vous ne vous exposiez qu’à une amende au départ ?
« Vous vous rendez compte que vous encourez cinq ans de prison maintenant, alors que vous ne vous exposiez qu’à une amende au départ ? », l’interroge Florence Pillet, qui préside le tribunal correctionnel mercredi 16 décembre.
Mickaël, 27 ans, ne se reconnaît pas dans les faits. Il a « paniqué au moment du contrôle ». Il a, depuis, présenté des excuses aux gendarmes qu’il a mis en danger.
Vous plaisantez ? Vous n’allez quand même pas nous dire qu’ils ont mal fait leur travail pour vous arrêter ?
À la barre, cependant, il lâche une déclaration ambiguë sur la course-poursuite : les gendarmes « n’étaient pas bien concentrés. Et puis, ils sont quand même partis longtemps après moi… » « Vous plaisantez ? », s’étrangle la magistrate. « Vous n’allez quand même pas nous dire qu’ils ont mal fait leur travail pour vous arrêter ? Eux, ils faisaient attention aux risques qu’ils pouvaient faire courir aux autres conducteurs ce jour-là ! »
Un gendarme, qui a dû se jeter en arrière pour éviter la voiture du prévenu lorsqu’il a pris la fuite, est présent au procès. Il rappelle qu’il y a eu 24.000 refus d’obtempérer en France en 2019. « Un toutes les demi-heures. Au-delà des statistiques, il y a des êtres humains sous l’uniforme. Si je ne m’étais pas poussé, vous me mettiez en danger. »
Face à « un véritable chauffard », quelqu’un de « totalement irresponsable », Marine Labarthe, substitut du procureur, requiert huit mois de prison avec sursis, six mois de suspension du permis de conduire et le suivi d’un stage de sensibilisation à la sécurité routière.
Son permis de conduire suspendu un mois
Assis devant son avocate, Mickaël se met à pleurer. Me Aurélie Priet souligne que son client a fini par s’arrêter de lui-même ce jour-là, qu’il est soutien de famille et très apprécié dans son travail. « Lui retirer son permis va lui faire perdre son emploi. Plutôt que lui donner une leçon, cela va le mettre en situation de péril. »
La suspension est finalement ramenée à un mois par le tribunal, offrant à Mickaël la possibilité de faire jouer ses congés. Il est en outre condamné à six mois de prison avec sursis et devra verser 300 € au gendarme en réparation de son préjudice moral.
Bertrand Yvernault