Champlitte | Justice
Des peines de prison ferme pour avoir laissé mourir leurs animaux en Haute-Saône
En juillet dernier, des cadavres de chien, chat et lapin avaient été découverts dans une maison de Champlitte. Leurs propriétaires, qui avaient déjà laissé mourir un saint-bernard un an plus tôt, ont écopé respectivement d’un an et de six mois de prison ferme.
Par Eléonore TOURNIER – Hier à 20:00 | mis à jour à 21:16
« La maison de l’horreur ». C’est ainsi que Vincent Pfeiffer, inspecteur pour la fondation 30 Millions d’amis avait qualifié le logis d’un couple à Champlitte, en mars 2019, lors d’une première intervention pour des faits de maltraitance animale. Un cadavre de saint-bernard avait alors été découvert dans une dépendance. Bien que frappés d’une interdiction définitive de posséder des animaux, les propriétaires ont remis le couvert, repoussant encore un peu plus les limites du sordide. Le 6 juillet dernier, plusieurs cadavres d’animaux ont été découverts à leur domicile : un rottweiller putréfié dans les escaliers à l’intérieur du logement (décédé depuis plusieurs mois), un chat dans la cave et un lapin dans une dépendance. « Vraisemblablement morts de faim et de soif », avance l’avocate de la fondation 30 Millions d’amis, Me Breitner, évoquant les marques de griffure sur les portes, « signes que les animaux ont cherché à s’enfuir ». Deux chats, deux chiens et un lapin avaient été saisis vivants par l’association, en mauvais état, plein de puces et présentant des troubles du comportement, mais aujourd’hui entre de bonnes mains.
Un couple « à côté de la plaque »
« J’aurais aimé qu’ils soient là pour s’expliquer », regrette Me Breitner à propos des propriétaires âgés de 42 et 35 ans, un couple absent à l’audience. « Ils ne voient aucune difficulté. Ils expliquent que les chiens allaient dans la cour, qu’ils leur achetaient à manger. Que le logement n’était pas sale », déplore le président, s’appuyant sur leurs auditions de garde à vue, faute de pouvoir les entendre à la barre.
Au vu de leur personnalité « à côté de la plaque » et de leur volonté de « minimiser les faits », Cynthia Liger, pour le ministère public, requiert un an ferme pour chacun et (à nouveau) l’interdiction définitive de détenir un animal. Lui écope d’un an ferme, sa compagne de six mois. Tous deux ne pourront plus détenir d’animaux.
Enfant de 4 ans dans le logement : un collectif demande des comptes
Nous l’évoquions dans un article le 10 juillet : un enfant de 4 ans vivait dans le logement où ont été retrouvés les cadavres d’animaux, au milieu d’excréments et dans une crasse innommable. Et ce, alors qu’il était suivi par les services du Département et que divers signalements avaient été émis par le maire ou encore des voisins. Emu par ces révélations, un collectif d’une dizaine d’habitants de Champlitte s’est constitué durant l’été et a écrit en août au président du Département, au procureur de la République et à la préfète pour leur faire part de sa « totale incompréhension ». « Nous pensons, c’est évident, qu’Il y a eu des dysfonctionnements dans la mise en œuvre de la protection de cet enfant. Où se sont-ils situés ? », interroge-t-il. Selon nos informations, le Département a lancé un audit de ses services suite à cette affaire. Une enquête a également été diligentée du côté du parquet. La famille a été expulsée du logement en septembre dernier. Le propriétaire de la maison n’a toujours pas pu la relouer, faute d’avoir terminé sa remise en état. L’enfant, quant à lui, a été retrouvé et confié à une famille d’accueil. En juillet, sa mère avait pris la fuite alors qu’une ordonnance de placement provisoire avait été délivrée.
E.T.