Rénover les VBRG: l’exemple du blindé reconstruit par Turgis & Gaillard
Le plan de renouvellement automobile (PRA) de la gendarmerie nationale 2021 prévoit une masse budgétaire permettant l’acquisition ou la rénovation de 45 engins blindés sur les crédits 2021 (voir mon récent post sur ce sujet). Cette option doit être validée par le directeur général de la gendarmerie nationale puis par le ministère de l’Intérieur et est conditionnée à l’adoption du PLF (projet de loi de finances) 2021.
Comme la rappelle la Direction générale de la gendarmerie, « l’acquisition d’engins neufs ou la rénovation d’engins existants (VBRG et VAB) ou une solution mixte sont trois options plausibles et qui devront être arbitrées. Si l’option d’engins neufs était retenue, un appel d’offres devrait alors être lancé par le service de l’achat, de l’innovation et de la logistique du ministère de l’intérieur (SAILMI) fin 2020 / début 2021 ».
Si l’option « rénovation » était choisie, la gendarmerie pourrait se tourner vers plusieurs prestataires dont Turgis & Gaillard qui a, sur fonds propres, reconstruit un VBRG dont voici la photo avant travaux:
Jeune entreprise fondée en 2015, Turgis & Gaillard dispose de 275 employés répartis sur un site près de Toulon et d’autres à Grenoble, Blois, Briec (29), Lorient, Saint-Dizier et Lorient. L’entreprise a inauguré, il y a quelques jours, un nouveau site en Lozère où s’est installé sa filiale SEFIAM. Fournisseur de premier rang de Dassault Aviation pour les matériels de piste du Rafale et du Mirage 2000, SEFIAM fournit des systèmes de mise à poste de munitions, des bancs de test etc. Sefiam participe également à l’entretien des Falcon.
« En octobre 2018, j’ai proposé au général Lizurey, alors directeur général de la gendarmerie nationale de reconstruire un VBRG. Il a accepté », explique Patrick Gaillard, le directeur général de l’entreprise. La gendarmerie a livré un de ses blindés déclassé à l’entreprise en mars 2019. Les équipes de Turgis & Gaillard se sont alors mises au travail, d’abord pour voir sur quoi devait porter la reconstruction de ce véhicule dont même le châssis avait souffert.
L’enveloppe disponible pour ce chantier était de 200 000 euros HT. « On a voulu faire du mieux possible », explique Patrick Gaillard qui reconnaît un léger dépassement de l’enveloppe initiale. Mais il y avait du travail…
Il a fallu remplacer l’obsolète moteur Berliet; le choix s’est porté sur un moteur Iveco, de la gamme civile de façon à abaisser les coûts ». Pour la même raison, les pièces en fin de vie ont été remplacées, autant que possible par des pièces achetées sur étagères. Le pont et la boîte de vitesse ont été conservés mais entièrement révisés.
Sur le plan tactique, « nous avons installé une climatisant et un blindage supplémentaire dans l’habitacle « pour protéger les personnels des tirs d’armes de grande chasse. Vitres et hublots ont été changés et le véhicule repeint.
Le VBRG ainsi reconstruit, et prêt pour une nouvelle carrière de 20 ans, a été livré en août 2019 puis testé à Saint-Astier et à Satory. La gendarmerie s’est dite satisfaite du résultat.
Parallèlement au projet de Turgis & Gaillard, la société OMAT a effectué un travail similaire sur un VBRG et un VAB de la gendarmerie.
Ces initiatives confortent le camp des « rénovateurs » qui s’opposent à celui des « novateurs » partisans de l’achat d’un nouveau véhicule et soutenus par Arquus.
La décision entre du rénové, du neuf ou de l’hybride dépend aussi de l’évolution de la doctrine de maintien de l’ordre. Effectivement, comme on le reconnaît à la DGGN, « le choix de la future composante blindée découle du contrat opérationnel de la composante blindée de la gendarmerie. Ce dernier est en cours d’actualisation (état de la menace, spectre missionnel…). Il conditionne le volume d’engins à acquérir ou à rénover ».