Chevaux mutilés : pas d’attaques en Creuse mais les éleveurs restent vigilants
Mercredi 2 septembre 2020 à 19:17 – Par Virginie Vandeville, France Bleu Creuse Guéret, France
Une série de mutilations de chevaux ébranle la France depuis début août. Si aucune attaque n’a été constatée dans le département de la Creuse, les éleveurs et propriétaires de chevaux restent vigilants.
Des yeux arrachés, des oreilles tranchées. Depuis février 2020, plus d’une trentaine d’actes de barbarie ont été recensés sur des équidés, un peu partout en France. Mais le phénomène s’accélère depuis le début du mois d’août. Dans la nuit du 1 au 2 août, un poney est retrouvé mort et mutilé dans l’Essonne. Une semaine après, une pouliche de 18 mois de Cluny en Saône-et-Loire est découverte avec une oreille coupée et un œil arraché, le cœur poignardé et le vagin enlevé, selon ses propriétaires.
Ces derniers jours, ces actes sont aussi constatés dans le Jura, les Côtes d’Armor. Des faits similaires, un peu plus tôt également, dans la Loire, la Moselle, la Seine-Maritime ou encore, pas très loin de chez nous, dans le Puy-de-Dôme. Deux automobilistes ont été contrôlées au cours du week-end dernier sur une route de campagne du Finistère par des propriétaires de chevaux armés.
Jusqu’ici le département de la Creuse est épargné par ces sévices. Si la section équine de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de Creuse et l’antenne locale de l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation assurent que pour l’instant ils n’ont pas eu d’appels d’éleveurs inquiets, le crainte commence à monter chez certain.
« Je suis très étonné qu’il y ait ce genre de farfelus qui s’amusent à faire ce genre de chose. Clairement cela me désole. Ce m’écœure. Pour faire cela, il faut être un fou furieux, un malade », affirme Bernard Desvillette, un éleveur creusois de chevaux de compétitions d’endurance équestre. Il n’a jamais entendu parler de tels atrocités en 40 ans de métier.
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Des attaques mystères
« Qu’est ce qu’ils cherchent ? Tous les chevaux sont touchés ! Est-ce qu’ils cherchent l’animal cheval ? Ou peut-être qu’ils veulent ainsi s’en prendre aux propriétaires ? », poursuit l’éleveur. Pour l’heure, il est impossible de savoir pourquoi et qui est à l’origine de ces mutilations.
Alors l’éleveur a commencé à s’organiser. « Je suis toujours vigilant avec mes animaux mais je le suis davantage ces derniers jours. Je laisse la fenêtre de ma chambre ouverte par exemple au cas où. J’ai mis mes chevaux dans des pâtures plus importantes et je leur ai ôté leur licol. Et puis vu que j’habite dans un hameau, avec mes voisins, nous nous surveillons mutuellement. Quand un véhicule que nous ne connaissons pas, passe, parfois nous prenons en photo la plaque d’immatriculation », détaille Bernard Desvillette.
Mais difficile de faire davantage pour prévenir d’une potentielle attaque pour les propriétaires de chevaux. Encore moins pour les propriétaires de plus grands élevages. Raphael Pinthon possède 50 chevaux répartis dans huit parcs. Il va voir quotidiennement ses chevaux mais « je ne peux pas tous les rentrer la nuit venue. C’est impossible. »
Pour l’éleveur creusois, le démarrage de la chasse pourrait éviter au département d’être lui aussi touché. « Avec la chasse, il y aura plus de monde dans les campagnes, que ce soit le matin très tôt, comme durant toute la journée. »
Des actes pris très au sérieux par la Gendarmerie Nationale
Un renforcement de la surveillance est également recommandé par la Gendarmerie Nationale. Elle a envoyé le 14 août dernier un mail à l’ensemble des propriétaires. Elle appelle ainsi ces derniers à :
- Effectuez une surveillance quotidienne des chevaux aux prés
- Évitez de laisser un licol quand l’animal est au pré
- Si vous en avez la possibilité, la pose de petite caméra de chasse peut être envisagée
- Signalez aux unités de gendarmerie en appelant le 17, tout comportement suspect à proximité des pâtures (stationnement de véhicules ou présence inhabituelle d’individus)
- Si vous êtes concernés par les faits décrits, appelez le 17 également, ne procédez à aucune modification des lieux, portez plainte le plus rapidement possible.
Des autorités qui prennent ces actes de mutilations très au sérieux. « Il ne faut pas s’alarmer car il n’y a pas de cas chez nous en Creuse. Mais depuis un peu plus d’une semaine, nous avons mis en place un dispositif de sensibilisation auprès des propriétaires et des centres équestres avec des envois de SMS. J’ai également donné des directives pour accentuer des patrouilles aux abords des élevages, » précise le Colonel Eric Cabioch, le commandant du groupement de gendarmerie du département.À lire aussi Des attaques contre des chevaux dans l’Yonne, deux individus en fuite