Verdun | Monde et ville
Maurice et Andrée : un couple inoxydable
Cette semaine, M. et Mme Agniel fêtent leurs noces de titane. Soixante-douze ans de mariage sur lesquels l’ancien gendarme et l’ancienne institutrice reviennent avec un regard plein de malice et de tendresse. Rencontre avec ce charmant duo à leur domicile verdunois.
Par Chrystelle MAHIEU – 05:00 –
Andrée et Maurice Agniel ont convolé en justes noces le 24 juillet 1948 à Bar-le-Duc. À 94 ans, ils en ont passé 72 en couple. Une paille, une éternité, une tranche de vie. Pourtant, les deux époux avaient autant de chance de se rencontrer que de trouver une aiguille dans une botte de foin.
Maurice vient du Gard, Andrée de la Meuse. Elle est née le 3 août, lui le 21 décembre. Il commence sa carrière à 14 ans dans les mines de charbon près d’Alès comme son père. À 18 ans, du jour au lendemain, il entre dans le maquis tenu par les gendarmes du coin. À la fin de la guerre, il rempile. « J’avais demandé le Midi. On m’a envoyé dans l’Est, à Revigny-sur-Ornain », s’amuse Maurice, en levant les yeux au ciel.
Admiration mutuelle
C’est là, au bal du 11 novembre 1947, qu’il rencontre la pétillante Barisienne Andrée, l’une des sœurs Boulonne, fraîchement nommées institutrices au village. « Vous reviendrez Mademoiselle ? », demande Maurice à l’issue du bal. « On verra », lui répond Andrée. Il l’a trouvée jolie. Elle a aimé son accent chantant. Neuf mois plus tard, leur union était scellée. De celle-ci naît un fils, Jacques, et la famille s’agrandit avec l’arrivée de trois petits-enfants et six arrière-petits-enfants, qu’ils adorent et chérissent.
Après des cours du soir à Paris, le gendarme Agniel devient technicien radio et termine sa carrière à Thierville avec le grade de chef. Le couple s’installe dans un pavillon à Verdun. Andrée et Maurice, c’est l’entraide et la complémentarité incarnées. « La plus grande qualité de Maurice est la patience », assure Andrée. « Ma femme n’a que des qualités », taquine Maurice.
Vie bien remplie
« Si on s’est mariés, c’est pour rester ensemble. On n’a jamais eu envie de se séparer. Il faut s’accepter comme on est », explique Andrée. « On n’est pas obligés d’avoir les mêmes goûts. On doit garder sa personnalité. » Maurice est un fin bricoleur, option tous corps d’état. « Il savait un peu près tout faire », souligne sa femme. Andrée est un cordon-bleu. « Elle sait bien faire la soupe. Y a rien à dire, c’est bon », note son mari.
Chacun cultive son jardin. Madame nage et fait de la gym jusqu’à 82 ans ! Monsieur est radio amateur pendant plus de 50 ans. Madame aime aussi le tricot, la couture, la lecture et participe aux réunions des anciens de l’Ecole Normale de Bar-le-Duc. Monsieur pêche jusqu’à 90 ans et conduit jusqu’à 93 ! Une vie bien remplie que les époux espèrent partager encore longtemps.
Pour leurs noces de titane, ils feront un petit repas avec leur fils Jacques. En toute simplicité. Elle l’appelle « ma perle ». Il ne lui dit pas « ma chérie », mais dit « elle n’a pas changé. » Le regard qu’ils posent l’un sur l’autre vaut toutes les déclarations.