Cérémonie de baptême de la 126e promotion du 25 juin 2020
Ce jeudi 25 juin 2020, à 10 heures 45, les 124 élèves-officiers de la 126e promotion étaient rassemblés sur la place d’Armes de l’École des officiers de la gendarmerie nationale afin de recevoir leur nom de promotion. Cette cérémonie s’est déroulée sous la présidence de monsieur Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, en présence de monsieur Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, du général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale et du général de division Christophe Boyer, commandant l’École des officiers de la gendarmerie nationale.
Traditionnellement, le baptême de promotion imprime, d’une manière forte, le rattachement à un parrain. Cette année, ce n’est pas un officier qui guidera la 126e promotion mais la plus haute distinction nationale. Ce choix a déjà été effectué par d’autres promotions auparavant (promotion Alpha ; promotion de la Victoire, promotion du Centenaire, etc.). Par cette appellation « promotion de la Légion d’honneur », c’est le « signe glorieux du sacrifice », l’incarnation du courage et des hauts faits d’armes de leur École que l’ensemble des élèves officiers de la 126e promotion ont souhaité porter fièrement.
Discours de monsieur Castaner (seul le prononcé fait foi) :
« Monsieur le secrétaire d’État, monsieur le préfet, mesdames et messieurs les élus, mon général, directeur général de la gendarmerie nationale, mon général, commandant l’école des officiers de la gendarmerie nationale, mesdames et messieurs les officiers, sous-officiers, gendarmes adjoints volontaires et personnels civils de la gendarmerie nationale, mesdames et messieurs les officiers-élèves et élèves-officiers, mesdames et messieurs,
Qu’est-ce que commander ?
Voilà la question que toutes et tous, vous avez dû vous poser. Voilà la question qui, d’une manière ou d’une autre, guidera votre engagement, votre parcours, où qu’il vous mène. Dans quelques jours ou quelques mois, vous rejoindrez les casernes de France, en gendarmerie départementale comme en gendarmerie mobile, vous aurez sous vos ordres des femmes et des hommes, attendant de vous des instructions claires, une autorité juste. Attendant de vous un exemple et un modèle. Commander, c’est d’abord une responsabilité. Vous devrez fixer un cap. Vous serez engagés sur tous les combats. Vous serez des acteurs de notre lutte contre le terrorisme, car il guette, encore ; nous menace, encore et nous frappe, encore. Sur le terrain, vous devrez être à l’affût de n’importe quel signal faible. Vous devrez être capables d’intervenir vite et de protéger les Français. Vous serez présents, actifs, contre la délinquance, contre toutes les formes de violences et de trafics. Vous serez là, lors des manifestations et aux abords des grands événements, pour maintenir l’ordre et permettre aux opinions de s’exprimer dans le calme et le respect des règles. Vous serez les artisans, aussi, de l’unité de la République. Vous en êtes les gardiens, les sentinelles. La République est notre bien le plus précieux : nous ne devons pas transiger avec ses valeurs, avec ses principes. À l’heure où le séparatisme et le repli communautaire rôdent, vous devrez être à l’avant-poste pour les déceler, les signaler et les combattre. C’est votre mission, aussi, ne l’oubliez pas. Commander, c’est aussi s’adapter à tous les changements et chercher des voies nouvelles. C’est travailler en partenariat, sous l’autorité des préfets, en lien constant avec la police, bien sûr, en confiance avec la justice, avec les acteurs locaux. Commander, enfin, c’est montrer et inspirer l’exemple. N’oubliez jamais que la Gendarmerie est riche de ses femmes et de ses hommes, qui servent notre pays et nos lois avec passion. Vous devrez à chaque instant leur montrer que leur engagement n’est pas vain, que les
préparations longues et les entraînements sont la garantie de notre succès. Vous devrez prendre des décisions qui auront des incidences directes sur leur parcours, leur carrière, leur vie de tous les jours et vous le ferez toujours avec équité et courage, sans jamais confondre autorité et dureté. Vous devrez leur montrer que l’exemplarité n’est pas un vain mot et qu’elle doit les guider, à chaque instant. Dans votre parcours, ne perdez jamais de vue, non plus, que vous servez la République et que vous protégez des Français. Soyez à leur écoute, allez à la rencontre et comprenez toujours leurs quotidiens. Le lien que la Gendarmerie a su tisser avec les Français est précieux. Il ne doit jamais se distendre, jamais céder. Il faut au contraire l’entretenir et le renforcer. Connaître celles et ceux que vous protégez, c’est le meilleur moyen d’agir utilement, efficacement. C’est le fondement aussi du respects que chacun vous doit.
Officiers-élèves et élèves-officiers,
Vous avez choisi l’uniforme bleu de la loi et bientôt, partout en France, vous en serez les soldats. Vous connaîtrez des satisfactions rares, celles de conduire vos militaires vers le succès de la mission, celles d’avoir servi pour les autres. Vous connaîtrez parfois, aussi, des moments de doute. Certaines affaires n’iront peut-être pas assez vite, pas assez loin. Vous serez parfois confrontés aux outrages, voire même aux coups. Ces derniers mois le montrent. Malgré le travail, malgré votre passion et votre soif de service : les amalgames sont rapides et les anathèmes vite jetés. Des repères autrefois clairs sont aujourd’hui brouillés. Avec les policiers, vous êtes les forces de l’ordre. Vous êtes la main de la justice et de la loi. Alors, chacun vous doit le respect. Et lorsqu’on vous résiste, lorsqu’on vous attaque, vous êtes fondés à utiliser la force. Vous l’utiliserez toujours avec discernement et proportionnalité, mais sans crainte d’accomplir votre mission, car vous êtes les forces de l’ordre, les forces de la République. Ces derniers mois, vos pairs ont montré combien leur mission était nécessaire. Ils ont été déterminants pour faire respecter le confinement. Ils ont été présents pour aider à maintenir l’ordre et protéger la République face aux manifestations parfois violentes des gilets jaunes. Ils ont répondu à l’appel chaque minute, pour combattre la violence, la délinquance et le crime. Les Français savent tout ce qu’il vous doivent. Et je serai toujours là, avec Laurent Nunez, pour défendre votre honneur à chaque occasion. Officiers-élèves de la promotion du Centenaire, dans la crise que nous venons de vivre, vous avez rejoint vos unités dès mars. Devançant ainsi l’appel des responsabilités et de l’action. Votre garde au drapeau et votre bureau symbolisent aujourd’hui la passation entre les promotions d’officier. Vos deux années en ces mires ont fait de vous des officiers de la Gendarmerie nationale. Vous êtes des militaires et vous saurez tirer une force de cette spécificité. Vous êtes un pilier du ministère de l’Intérieur, un pilier de notre sécurité au cœur des territoires de la République. Gardez à l’esprit que votre passage à Melun, les conseils de vos instructeurs et les échanges avec vos frères d’armes. Ils vous aideront et vous guideront tout au long de votre carrière. Avec Laurent Nunez, nous comptons sur vous comme les Français comptent sur vous. Élèves-officiers de la promotion de la Légion d’Honneur, vous avez encore quelques mois à passer avant de rejoindre vos unités. Vous allez beaucoup apprendre, beaucoup découvrir. Vous allez devenir des familiers de cet art si subtil du commandement. Profitez de ces instants, ils sont parmi les plus riches de votre carrière. Apprendre sans comptez et préparer-vous, pleinement, à servir notre pays. Votre nom, « Légion d’honneur », est bien celui de la reconnaissance de la Nation pour ceux qui la servent, parfois au péril de leur vie. C’est le nom de la confiance que la Nation place à vous. Confiance incarnée par la décision du Président de la République de remettre la Légion d’Honneur à cette grande école des officiers de la gendarmerie nationale. Cette école qui a formé des générations de soldats, qui ont servi la République. Cette école qui forme ceux qui, demain, porteront nos valeurs partout sur le terrain. « Légion d’honneur », ce nom vous oblige. Il est le souvenir de deux siècles de combattants et de personnalités éminentes qui ont fait briller notre pays. Il est le symbole de la confiance que nous vous parlons. Officiers-élèves et élèves-officiers, vous choisissez le service dans une période particulière. Notre société combat une crise sanitaire grave dont nous n’avons pas fini de subir les secousses. Les réseaux sociaux, l’ère de l’instantané et les fausses nouvelles changent nos manières de voir les choses et de communiquer. Notre sécurité est en face de bouleversements majeurs. Les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle révolutionnent nos méthodes, comme elles révolutionnent le terrorisme et la délinquance. Les violences s’immiscent de plus en plus souvent dans les cortèges et nous conduit à repenser nos méthodes. La parole des victimes, celles des violences sexuelles et sexistes, notamment, heureusement et enfin, se réveille. Nous devons être présents pour la recueillir. La haine de nos valeurs républicaines s’empare de combats nobles pour mieux les détourner, les dévoyer. Depuis quelques jours, certains tentent d’effacer l’histoire en s’en prenant à ses symboles. Je veux le rappeler très fermement à chacun : dégrader ou casser une statue : c’est un délit. C’est illégal. Nous prenons ces faits très au sérieux. Et des enquêtes sont systématiquement ouvertes pour retrouver et traduire en justice les auteurs de ces actes. Tenter d’effacer le passé, c’est le propre de la pensée totalitaire, et c’est le contraire même de l’histoire. Les démocraties ne pratiquent pas l’oubli, elles pratiquent la mémoire. Elles ne nient jamais le passé : elles le regardent en face, et savent le critiquer. Le chemin de la mémoire est parfois escarpé. Mais c’est celui qu’à choisi d’emprunter la France. Alors, nous ne céderons pas. Nous ne céderons pas face à ceux qui veulent non pas l’histoire mais l’oubli. Non pas la paix, mais la vengeance. Non pas l’universalité républicaine, mais la division communautaire. Nous ne céderons pas à leurs intimidations. Nous ne céderons pas à ceux qui dévoient des combats pour remettre en cause de la République. Alors plus que jamais, soyez demain des force de proposition et d’action. Soyez les sentinelles de nos valeurs. Soyez demain des innovateurs, soyez demain des réformateurs pour être toujours les garants et les défendeurs de notre bien commun : la République. Le livre blanc de la sécurité intérieur et le schéma national du maintien de l’ordre seront des atouts précieux pour construire la sécurité du XXIe siècle : emparez-vous en pleinement. Donnez corps à notre ambition d’une sécurité de la confiance, proche des Français et qui travaille main dans la main avec tous les acteurs de la sécurité. La sécurité de demain, c’est celle du collectif, où chaque acteur, gendarmerie, police, polices municipales, sociétés de transports, collectivités ou bailleurs sociaux, travaillent dans le même sens, animés par la même volonté. Soyez acteurs de ce collectif, de continuum de sécurité qu’avec Laurent Nunez, nous voulons bâtir et animer. Soyez des forces de proposition et de vision. Ne cédez pas aux conservatismes faciles et ronronnant. La Gendarmerie, c’est l’arme de la modernité et de l’innovation, ancrée dans la tradition. Elle a toujours su être en avance sur son temps. Prolongez ce mouvement. Officiers-élèves et élèves-officiers, la mission qui vous attend est difficile. Les défis devant nous sont grands. Mais avec Laurent Nunez, nous avons confiance. Confiance, car on ne s’engage pas sous l’uniforme par hasard. Confiance, car nous savons la qualité de vos instructeurs et des enseignements que vous avez reçus. Confiance, car votre détermination ne faiblira pas. Les Français vous attendent. L’engagement vous attend. Portez haut les couleurs de le Gendarmerie. Portez fièrement le valeurs de notre pays. Vive la République ! Vive la France !
Au cours de la cérémonie, le ministre de l’Intérieur, le directeur général de la gendarmerie nationale et monsieur Laurent Nunez ont décoré de la médaille de la gendarmerie nationale avec étoile de Vermeil, le gendarme Frédéric Zolli, de la médaille d’or de la défense nationale avec étoile de bronze l’aspirant Fabien Roussel, l’adjudante Christelle Sanchez et le maréchal des logis-chef Vincent Aernouts ainsi que de la médaille de la sécurité intérieure la lieutenante Caroline Beauvois et la gendarme Cécile Flon.
De nombreuses autorités ont honoré l’École de leur présence en tant qu’invités d’honneur, parmi lesquelles monsieur Coudert, préfet de Seine-et-Marne, madame Mélot, sénatrice de Seine-et-Marne, monsieur Kokouend, député de Seine-et-Marne, madame Luquet, députée de Seine-et-Marne, monsieur Thiériot, député de Seine-et-Marne et le général de corps d’armée Thibault Morterol, commandant le CEGN.