Pyrénées-Orientales – Me Rodolphe Bosselut : « Le parallèle entre les affaires Adama Traoré et Floyd est surréaliste »
Publié le 17/06/2020 à 21:20 / Mis à jour le 17/06/2020 à 21:23
Me Rodolphe Bosselut, natif des Pyrénées-Orientales et élu adjoint depuis le 15 mars à la mairie de Font-Romeu, commune dont son père fut maire durant trois mandats, est l’avocat de deux des trois gendarmes, qui ont participé à l’interpellation d’Adama Traoré. Du nom de ce jeune homme noir décédé à la caserne de Persan en juillet 2016, porté en symbole lors des manifestations contre les violences policières qui secouent le pays depuis le 2 juin. Si Me Bosselut est aussi le conseil du Rassemblement national, là, il ne veut pas faire de politique. Mais a accepté de faire le point judiciaire, dénonçant » une instruction médiatique » dans cette affaire que certains militants, 4 ans après, brandissent comme le pendant français de George Floyd, asphyxié le 25 mai par un policier blanc à Minneapolis.
Le 19 juillet 2016, le jour même de ses 24 ans, Adama Traoré meurt au cours de son transfèrement à la caserne de Persan, près de deux heures après son interpellation à Beaumont-sur-Oise, au terme d’une course-poursuite déclenchée par l’arrestation de son frère, soupçonné d’extorsion de fonds.
Me Rodolphe Bosselut, où en est précisément l’affaire aujourd’hui ?
D’abord, les gendarmes ont un statut de simples témoins assistés pour non-assistance à personne en danger. Ils n’ont jamais été mis en examen pour violences car aucun coup n’a été porté à Adama Traoré. On en est à une instruction ultra-complète, plus de 2 000 côtes, des PV d’investigations, des documents médicaux. L’affaire a été clôturée une première fois en décembre 2018, elle a été rouverte pour effectuer une contre-expertise judiciaire sur les causes de la mort d’Adama Traoré. Cette expertise a été déposée le 12 mai 2020 et conclut comme les deux précédentes à une absence de responsabilité des gendarmes dans ce décès.
Or la famille de la victime met en cause un » plaquage ventral » par les gendarmes ?
Le plaquage ventral, cela signifie qu’une personne est en station debout et que vous la faites tomber au sol pour la maîtriser. Ce n’est pas le cas ici. Quand les gendarmes arrivent, Adama Traoré (qui a fui une première fois et s’est réfugié chez un particulier NDLR) est déjà par terre, il se cache, derrière un canapé, allongé, les deux bras sous son corps. Les gendarmes, chacun de part et d’autre, ont dégagé ses mains pour voir s’il était porteur d’une arme et le menotter dans le dos. Pour cela, ils ont fait ce que l’on appelle un contrôle costal dorsal qui consiste à bloquer le bras avec le genou, en appuyant quelques secondes sur une partie des côtes et le bas du corps. C’est le seul contact qu’il y ait eu sur le corps d’Adama Traoré….
Laure Moysset