Prison avec sursis pour le gendarme reconnu coupable de harcèlement
Un gendarme de Mayenne a été reconnu coupable de harcèlement et condamné à six mois de prison avec sursis.
Publié le 28 Mai 20 à 18:54 |Modifié le 29 Mai 20 à 7:31
Un homme de 42 ans qui ne supportait pas les ruptures harcelait ses anciennes compagnes et utilisait les fichiers de la gendarmerie pour faire pression sur elles. Le tribunal l’a condamné pour harcèlement.
« Vous pourriez être le type parfait, ce que vous n’êtes pas, on a le droit de ne plus vouloir de vous ».
Les propos de la procureure de la République s’adressent à un homme de 42 ans qui comparaissait ce jeudi 28 mai devant le tribunal judiciaire de Laval pour harcèlement entraînant une dégradation des conditions de vie et une altération de la santé.
Au moins trois victimes
Le prévenu n’accepte visiblement pas les ruptures. Dans au moins trois cas cités depuis 2014, il a continué de contacter ses anciennes compagnes de manière particulièrement insistante, usant abondamment de messages téléphoniques. Lorsque les victimes bloquaient le numéro de leur ex, ce dernier se tournait alors leurs familles et amis, créant des groupes de réseaux sociaux avec eux pour les mettre de leur côté. En outre, ce gendarme de profession utilisait les fichiers judiciaires pour impressionner ses victimes et notamment connaître leur adresse.
Arme sur la tempe
La situation a été particulièrement compliquée avec l’une des anciennes compagnes à l’issue d’une relation d’environ trois ans. Outre les multiples messages (plus de 400 SMS sur un mois), le gendarme a, lors d’un échange vidéo avec son ex, pointé son arme de service sur sa tempe, menaçant de se suicider.
« Je ne dors plus, je n’arrive plus à me concentrer sur mon travail, je n’arrive plus à manger », dira la victime qui a porté plainte.
Plusieurs avertissements
L’auteur des faits a d’abord été averti et rappelé à l’ordre plusieurs fois par sa hiérarchie, avant d’être entendu puis placé sous contrôle judiciaire. Mais il a continué d’user du téléphone. « Vous savez dire aux gens qu’ils ont interdiction de griller un stop, alors pourquoi ne respectez-vous pas vous-mêmes les interdictions, renchérit la procureure. Le côté « je vais arrêter », je n’y crois pas à 80 %. Alors je demande au tribunal de prononcer une condamnation de six mois d’emprisonnement avec sursis, une obligation de soins, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime, ainsi que pendant cinq ans l’interdiction de paraître en Mayenne, l’interdiction de détenir et de porter une arme et l’interdiction d’exercer la profession de gendarme ».
Une manière de dialoguer
« Mon client présente un trouble dans les relations amoureuses », plaide Me Lecomte, avocate de la défense.
« Il a souvent rencontré ses compagnes sur internet et pour ce type de relations, l’échange est fondé sur le message électronique.
L’obligation de quitter sa ville et l’interdiction d’exercer son métier ne feraient que ruiner tous les espoirs de mon client. »
Bons états de service
Le tribunal a aussi tenu compte des bons états de services du prévenu en dehors de l’utilisation abusive des fichiers. Le gendarme a été condamné à six mois de prison avec sursis, obligation de soins et interdiction d’entrer en contact avec sa principale victime. Cette condamnation ne sera pas inscrite à son casier judiciaire, ce qui lui permettra de continuer à exercer sa profession.
« Vous êtes définitivement prévenu, le tribunal ne veut plus vous revoir », a indiqué la présidente.
Par : Fred Martin|