A Rennes, la brigade numérique en premère ligne pour répondre aux demandes sur le confinement
“Est-ce qu’on peut être deux pour faire les courses ?” La brigade numérique de la gendarmerie, unique en France et basée à Rennes, doit faire face à une hausse exponentielle des demandes liées au coronavirus, ce qui l’a conduite à multiplier par cinq ses effectifs.
Après l’annonce du confinement par l’exécutif mi-mars, “nous pensions que les usagers allaient bien se diriger vers les services publics et la Gendarmerie nationale mais pas en de telles proportions!”, s’étonne encore le capitaine Patrice Georget, commandant de cette brigade.
Les demandes ont été multipliées “à peu près par dix en quelques semaines”, soit désormais quelque 1.900 sollicitations quotidiennes, souligne-t-il.
Lancée en février 2018, la “B Num”, qui n’est pas un service d’urgence et qui ne peut pas recevoir de plaintes, répond 24H/24 et 7j/7 aux interrogations les plus variées des internautes à travers un échange personnalisé avec un gendarme, essentiellement par tchat.
“Désormais 90% des demandes sont sur le coronavirus”, confie l’adjudant Franck, dans une salle silencieuse, truffée d’écrans d’ordinateur et de télévision.
Parmi les questions les plus posées figurent celles concernant la possibilité ou non de se déplacer ou demandant conseil pour cocher la bonne case sur l’attestation de déplacement dérogatoire.
“On a beaucoup, beaucoup de questions sur les autorisations de déplacement: peut-on être plusieurs dans un véhicule? Peut-on aller chercher un membre de notre famille à la gare, à l’aéroport? Peut-on faire notre séance de sport? En fait les gens souhaitent avoir une réponse de la gendarmerie. Une réponse officielle”, observe le gendarme Alan Vauleon.
Pour y répondre, les membres de cette brigade, qui illustre la transformation numérique des services de l’Etat, ont souvent recours à leur nouvelle “bible”, comme ils l’appellent, à savoir le site “info coronavirus” du gouvernement.
– “on reste gendarme” –
Signe de la difficulté de rester cloitré au domicile, “on a des personnes qui se sentent isolées et qui nous demandent quand ça va se terminer”, explique l’adjudant. Face à certains messages de détresse, les gendarmes peuvent faire preuve “d’un peu d’empathie mais on reste gendarme: on est là pour informer et éviter que les personnes soient contaminées ou verbalisées”, note l’adjudant qui traite une dizaine de demandes par heure en moyenne.
Les querelles de voisinage sont aussi légion et les gendarmes de la “B Num” reçoivent également des messages d’internautes signalant que leur voisin ne respecte pas, à leurs yeux, le confinement.
Autre conséquence de la vie recluse, la hausse des violences intrafamiliales. “Le fait d’être confiné chez soi génère des tensions, les signalements liés aux vss (violences sexistes et sexuelles, ndlr) sont en forte augmentation. C’est un fait national et la brigade numérique n’échappe pas à ce constat”, note le capitaine Georget qui comptabilise désormais une vingtaine de signalements par jour contre cinq ou six “avant”.
Pour faire face à cette montée des sollicitations, “la brigade qui comptait vingt personnes est passée à un effectif de cent”, souligne colonel Nicolas Garrier, à la tête du groupement de gendarmerie d’Ille-et-Vilaine.
Ainsi, des cadres des écoles de Châteaulin (Finistère) et de Chaumont (Haute-Marne), dont les établissement ont été fermés, ont été formés et ont intégré la brigade en travaillant à distance, tout comme des gendarmes de l’état-major et des réservistes.