Coquille Saint-Jacques : les gendarmes intensifient le contrôle des pêches
13 décembre 2019 – Par Morgane Jardillier
À l’approche des fêtes de fin d’année, les contrôles des produits de la mer sont particulièrement renforcés. La pêche à la coquille Saint-Jacques est l’une des activités les plus surveillées et réglementées par les autorités. Produit phare des repas de fêtes, la coquille ravit les papilles mais également les bourses des matelots. Pour éviter les fraudeurs et protéger les ressources, la gendarmerie multiplie les contrôles.
Ce jeudi, près de Saint-Brieuc, c’est jour de pêche à la coquille Saint-Jacques ! Cette année, un quota de 1,2 tonne par navire a été fixé et, surtout, les coquilliers n’ont droit qu’à trois sorties par semaine (lundi, mercredi et jeudi). Chaque sortie étant limitée à 45 minutes et pas une de plus !
« La saison de la pêche à la coquille Saint-Jacques est ouverte depuis le mois d’octobre et fait l’objet d’un encadrement strict », explique l’adjudant-chef Xavier M., commandant la Brigade de surveillance du littoral (BSL) de Brest.
Composante de la gendarmerie maritime et mise pour emploi auprès de la Marine nationale, cette brigade a notamment pour mission de surveiller et de contrôler tous les intermédiaires de la filière « pêche », du chalutier à l’étal des poissonneries, y compris dans les grandes surfaces. Et en cette période de fin d’année, son attention est portée sur la pêche à la coquille Saint-Jacques.
Les dates d’ouverture, les volumes, les temps de pêche, les tailles, les engins utilisés… ces gendarmes sont incollables sur tout ce qui concerne la police des pêches et particulièrement celle liée à la coquille. Chaque site a ses propres règles de gestion et pourtant les militaires en connaissent quasiment par cœur toutes les subtilités, même les zones autorisées, dont les limites sont parfois tirées au cordeau.
Il faut dire qu’avec un prix de vente au kilo, à la criée, pouvant s’envoler, le commerce de la coquille Saint-Jacques représente un véritable enjeu économique, qui rend plus forte la tentation de contourner les règles de pêche drastiques.
Des pêcheurs aux particuliers, en passant par les revendeurs, personne ne passera entre les mailles du filet mis en place pour protéger le fameux « or blanc » !
Pas de coquilles sous le manteau
Après les trois quarts d’heure de pêche autorisés, retour au port de Saint-Quay-Portrieux pour les 80 coquilliers de sortie ce jour. Tous les bateaux vont devoir passer par la pesée obligatoire.
Chaque navire doit présenter en criée l’ensemble de ses captures pour effectuer les opérations de pesée, godaille comprise (part de pêche réservée à chaque matelot à l’arrivée au port), permettant de justifier le nombre de tonnes de coquilles atteint ou non lors de la période de pêche.
« Ces contrôles sont indispensables pour protéger les ressources et sensibiliser les pêcheurs sur des pratiques qui pourraient fragiliser l’environnement ».
Tout dépassement de volume maximal de pêche est alors retenu et vendu au profit du comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins pour soutenir les actions liées à la promotion et à la gestion de la coquille Saint-Jacques. Aucun dépassement ne peut être vendu à un tiers.
Au port, sur les quais et à bord des bateaux, les gendarmes vont alors circuler et opérer des contrôles inopinés.
« Le but de cette manœuvre est de vérifier si l’intégralité de la pêche à la coquille est débarquée afin de s’assurer que les matelots n’en gardent pas sur leur bateau dans le but de les vendre en dehors des circuits traditionnels. »
Contrôle approfondi
Plus de 1 000 navires dont environ 250 coquilliers sont recensés sur les 1 200 kilomètres de littoral à surveiller, répartis entre le Finistère, l’Ille-et-Vilaine et les Côtes-d’Armor. Afin d’éviter de contrôler plusieurs fois les mêmes navires et de développer un sentiment de persécution chez les professionnels de la pêche, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage est systématiquement contacté par la gendarmerie, les douanes ou les Affaires maritimes afin de renseigner la date du dernier contrôle enregistré.
Outre la recherche de coquilles cachées, les gendarmes procèdent également à des contrôles administratifs à bord des bateaux : présence et justificatifs de la licence de pêche des coquilles Saint-Jacques, permis de navigation, carnet de bord, respect du nombre de personnes embarquées…
Les militaires en profitent également pour s’assurer que les bateaux sont uniquement équipés de dragues (armature métallique permettant de fouiller le fond marin et de soulever les coquilles enfouies dans le sable), seul engin autorisé, à hauteur deux pour ce type de pêche, devant bien respecter le maillage de 97 mm (diffèrent suivant les régions), limitant ainsi la prise juvénile.
Une sanction salée
Le montant de l’amende pour la pêche abusive peut aller jusqu’à 22 500 euros.
En cas de non-respect des exigences réglementaires propres à cette pêche, la Direction départementale du territoire et de la mer peut prendre une sanction administrative, comme une interdiction de sortie en mer pendant plusieurs jours, voire le retrait de la licence de pêche.
Il est pas frais mon poisson ?
Incontournables sur les tables festives, les fruits de mer ont tout pour plaire ou, au contraire, déplaire si la fraîcheur ou la qualité fait défaut… Surveiller la traçabilité des produits de la mer, de leur sortie de l’eau jusqu’à l’assiette du consommateur, fait également partie des nombreuses missions attribuées à la BSL.
Les gendarmes de cette unité procèdent ainsi à près de 200 contrôles annuels dans les poissonneries, y compris celles des grandes surfaces. « Nous vérifions l’inscription sur l’étiquette sanitaire du nom du produit en français et en latin, du prix au kg, de la date, de la zone et de la méthode de pêche (drague, ligne, chalut, casier…). »
Les militaires inspectent minutieusement l’étal de la poissonnerie. Le moindre détail a son importance, surtout en ce qui concerne la coquille. « Sa taille commerciale autorisée est de 10,2 cm si elle est pêchée par un professionnel. »
La coquille Saint-Jacques est un crustacé fort demandé en cette fin d’année, mais grâce à une pêche raisonnée et contrôlée, le risque de voir la coquille uniquement sculptée sur les chemins de Compostelle s’amenuise…