Il adressait des lettres de menaces de mort aux gendarmeries et commissariats de Normandie : un homme condamné
Un homme de 32 ans a été condamné à 15 mois de prison avec sursis pour avoir adressé des lettres de menaces de mort à des gendarmeries et commissariats de Normandie.
Publié le 25 Oct 19 à 9:17|Modifié le 25 Oct 19 à 9:39
Mercredi 23 octobre 2019, au tribunal correctionnel d’Evreux (Eure). Tout au long du procès, Fred* a nié les faits qui lui étaient reprochés. Le prévenu, âgé de 32 ans, domicilié dans la région d’Elbeuf (Seine-Maritime), a été condamné à 15 mois de prison avec sursis pour des menaces de mort et de destruction envoyées par courriers à des gendarmeries et commissariats de Normandie.
Les faits se déroulent entre janvier et mars 2019. La technique est toujours la même. Des lettres anonymes dactylographiées, au format identique, sont déposées dans les boîtes aux lettres. Au total, on compte 18 lettres reçues par les gendarmeries de Pont-Audemer, Routot, Brionne, Grand-Bourgtheroulde et les commissariats de Honfleur (Calvados), Canteleu, Le Havre, Sotteville-les-Rouen, Évreux et Petit-Quevilly. Les écrits se ressemblent tous. Ils contiennent des menaces de mort et des insultes adressées aux forces de l’ordre, ainsi que des menaces d’incendie ou de détérioration des locaux.
Le lieutenant-colonel de Pont-Audemer personnellement visé
À Pont-Audemer, le lieutenant-colonel et commandant de la compagnie de brigades, Eric Turmet, a également reçu une lettre dans laquelle lui et les membres de sa famille sont directement menacés de mort. « Tu as voulu parler sur Twitter, tu es un homme mort. Je te jure que ton commissariat va prendre cher. Je sais tout de toi. Le danger vient de partout », cite le président du tribunal en lisant un extrait du courrier.
Pourquoi Eric Turmet est-il personnellement visé ? En janvier 2019, ce même Fred avait été condamné à 70 heures de travaux d’intérêt général (TIG) pour avoir dégradé le mur de la gendarmerie de Pont-Audemer en dessinant un tag « anti-flic ». Les caméras de vidéosurveillance avaient permis de l’identifier. Eric Turmet avait évoqué cette affaire à deux reprises sur son compte Twitter, se félicitant du travail réalisé par les enquêteurs, sans mentionner l’identité de Fred. Quelques jours plus tard, un courrier anonyme lui était directement adressé à la gendarmerie, faisant allusion à ses tweets. « Je n’ai pas Tweeter et je ne connais pas ce gendarme », s’est défendu le prévenu devant le tribunal.
Une empreinte retrouvée sur une enveloppe
De longues investigations menées sur les imprimantes, le papier utilisé et les enveloppes n’ont pas permis d’identifier clairement l’auteur de toutes ces lettres. Seule une empreinte digitale retrouvée sur une lettre adressée au commissariat de Petit-Quevilly a confirmé qu’elle appartenait bien à Fred. Devant cette preuve, le prévenu a reconnu les faits au tribunal, mais en affirmant avoir agi sous la contrainte d’un mystérieux individu qu’il dit ne pas connaître. Celui-ci l’aurait forcé à commettre cet acte. Il ajoute qu’il ignorait le contenu de la lettre.
Durant ces deux gardes à vue, Fred a d’abord indiqué être sous la menace de cet homme, avant de se rétracter. Il a ensuite accusé une de ses amies, résidant à Routot, avec qui il entretenait une relation amicale ambiguë. Deux versions peu convaincantes pour le procureur de la République : « Il ne donne aucun élément sur l’identité de cet homme qui l’aurait forcé à agir ainsi. Et comme par hasard, le seul courrier qu’il reconnaît avoir déposé, c’est celui de Petit-Quevilly où son empreinte digitale a été relevée. »
Interrogée par les enquêteurs, cette « amie » de Routot n’a pas été mise en examen. Certes, elle a reconnu avoir accompagné Fred pour déposer certains courriers. « Mais elle a expliqué être sous votre emprise psychologique. Elle dit qu’elle vous accompagnait car vous l’auriez menacé de lui donner un coup de couteau si elle ne déposait pas des courriers », a déclaré le président du tribunal en s’adressant au prévenu.
L’expertise psychiatrique n’a rien révélé
Suspecté également de vouloir incendier la gendarmerie de Routot, Fred a été relaxé pour ces faits. Un tout petit bidon rempli d’essence et des mouchoirs avaient été retrouvés devant les locaux. « Les circonstances restent floues », a constaté le président.
L’expertise psychiatrique du prévenu n’a révélé aucun trouble mental. Quant à son avocate, elle a tenu à souligner que son client avait bien porté plainte contre ce soi-disant inconnu qui le menaçait. « On parle d’emprise et de violences commises sur son amie, mais il faut rappeler qu’elle continuait de le voir régulièrement », a-t-elle également nuancé.
Le procureur a requis 18 mois de prison dont 12 avec sursis. Finalement, le prévenu échappe à la prison en écopant d’une peine de 15 mois de prison avec sursis.
À noter qu’en décembre 2019, Fred sera convoqué une nouvelle fois devant le tribunal d’Évreux pour des faits de séquestration. Il est soupçonné d’avoir enfermé son « amie » dans le coffre de sa voiture. Le jugement n’ayant pas encore eu lieu, il reste présumé innocent.
* Nom d’emprunt
Par : Stéphane Fouilleul