La lutte contre les violences conjugales : la priorité des gendarmes de l’Essonne
En Essonne, chaque nuit, en moyenne, 7 patrouilles de gendarmerie interviennent dans le cadre de conflits intrafamiliaux. La colonelle Lejeune en fait sa priorité.
Publié le 20 Sep 19 à 15:11
La colonelle Karine Lejeune entame sa deuxième année à la tête du groupement de gendarmerie de l’Essonne. Elle dirige les 746 gendarmes et les 473 réservistes opérationnels qui couvrent 70 % du territoire de l’Essonne et près de 30 % de sa population.
Stupéfiants, cambriolages et agressions
Avec ses effectifs, dont un quart sont des femmes, elle gère la sécurité d’un territoire vaste où la délinquance itinérante emprunte régulièrement les grands axes routiers qui traversent le département comme la route nationale 20 où 30 000 véhicules circulent chaque jour.
« Dans le sud du département, nous sommes confrontés à une délinquance locale. Nous intervenons souvent dans des affaires liées au trafic de stupéfiants, pour des cambriolages aussi ou des agressions, précise la colonelle. Nous avons conclu des partenariats avec Ile-de-France mobilités comme avec la sûreté ferroviaire pour sécuriser les 27 gares qui sont sous notre responsabilité comme les lignes de bus qui sillonnent les routes de l’Essonne », ajoute-t-elle.
Toutefois, ces derniers mois, de nouveaux phénomènes de délinquance sont apparus sur le secteur selon elle. « La prostitution des mineurs dans des hôtels bon marché fait l’objet d’une attention toute particulière. J’ai d’ailleurs mobilisé les brigades à ce titre ».
Mieux déceler la violence conjugale
Très impliquée, et depuis longtemps dans la lutte contre les violences faites aux femmes, elle a multiplié les sessions de formation de ses équipes pour améliorer la prise en charge des victimes. « La violence conjugale ou intrafamiliale a plusieurs visages, elle touche tous les milieux sociaux sans exception. Un homme ou un compagnon violent peut être extrêmement charmant en dehors de son cercle familial. C’est la stratégie du pervers que mes équipes sont amenées à déceler », explique la colonelle.
Afin de lutter plus efficacement contre ses violences, la gendarmerie s’appuie sur un vaste réseau d’associations qui épaule les femmes et sur le système judiciaire, qui de façon systématique, éloigne du domicile conjugal les conjoints violents. « Au sein de la gendarmerie nous avons créé deux postes d’intervenant social qui aident les brigades et les victimes dans leur prise en charge sociale », poursuit-elle.
Des formations plus poussées
En France, tous les ans, près de 200 000 femmes subissent le harcèlement physique ou moral de leur conjoint comme l’a soulevé le Grenelle des violences conjugales auquel participe très activement la colonelle Lejeune.
Seulement 15 % de ces faits entraînent un dépôt de plainte. « Dès l’année prochaine, les brigades vont être formées à une méthode d’évaluation qui a fait ses preuves au Canada pour mieux détecter les attitudes et les stratégies d’évitement des agresseurs », assure-t-elle.
Avant d’ajouter : « Grâce à ses grilles d’évaluation et à une formation plus poussée sur les techniques d’audition, nous pourrons appréhender plus efficacement les situations de danger dans lesquelles les victimes se trouvent », conclut-elle.
Loïc Morel