Seine-et-Marne : la gendarmerie aussi a son unité contre les violences intrafamiliales
Le groupe d’enquête et de protection des familles créé en novembre à la compagnie de gendarmerie de Coulommiers a déjà traité plus de 300 dossiers.
Déjà plus de 300 dossiers. Après seulement sept mois d’existence, le groupe d’enquête et de protection des familles (Geprof) de la compagnie de gendarmerie de Coulommiers affiche un bilan éloquent.
« Nous ne travaillons que sur des faits signalés dans les secteurs de La Ferté-Gaucher et La Ferté-sous-Jouarre », explique le major Pierre Cayet, chef du Geprof de la compagnie de Coulommiers.
Le gendarme Mathieu François estime que ce sont « des secteurs où la misère sociale est importante. Dans nos dossiers, nous voyons rarement des personnes aisées. »
Tous sont volontaires
Évidemment, ces dossiers n’ont pas tous donné suite à des poursuites. « Que les faits soient classés sans suite par le ministère public ou non, ça représente le même travail », commente la cheffe Le Bellec, la numéro deux du groupe.
Les quatre militaires se sont tous portés volontaires pour travailler dans ce groupe. Ils sont épaulés depuis le mois de mars par une travailleuse sociale, Séverine Chané, éducatrice spécialisée de formation et salariée détachée de la Croix Rouge pour aider les gendarmes.
« Mon travail consiste à mettre à l’abri les femmes victimes de violences conjugales. J’aide aussi à trouver des soins aux personnes qui souffrent d’addictions. Je travaille avec l’Aide sociale à l’enfance [NDLR : service du conseil départemental] et je vérifie si les situations que nous rencontrons sont connues de la Maison des solidarités [NDLR : un autre service du conseil départemental]. »
« Je ne projette pas sur ma famille »
Le quotidien de cette unité ce sont donc des violences et des viols au sein des familles. Un quotidien dur et qui peut amocher les enquêteurs. « Je suis blindé : je sais faire la part des choses », estime le major Cayet.
Reste que ne se consacrer qu’à un seul type de faits, représente plusieurs avantages. « Notamment de libérer nos collègues des brigades locales de ce genre d’enquêtes », apprécie le chef. « Nous sommes plus rapides », conclut le gendarme François.
DEUX DOSSIERS RÉCENTS QUI LES ONT MARQUÉS
Quand on leur demande les dossiers les plus marquants sur lesquels ils travaillent, il y en a plein qui viennent. Mais pour protéger les victimes ou ne pas nuire à l’enquête, ils n’en évoqueront que deux. Et en restant à la surface des choses, volontairement.
Trois enfants frappés par leur père. Il y a d’abord cette école qui a signalé que trois enfants de 6 à 11 ans étaient manifestement victimes de violences physiques et verbales de la part de leur père.
En enquêtant, les gendarmes du Geprof constatent que le père commet aussi des attouchements sur ses propres fils. Ils découvrent aussi que la mère, sous l’emprise de son mari, subit des violences physiques. L’homme a été arrêté et placé en garde à vue.
Au terme de l’enquête, il a été laissé libre mais sous contrôle judiciaire. Il ne devait pas revoir sa famille mais a désobéi : il a fini en prison.
Une nonagénaire maltraitée par son fils. Autre dossier. Une dame âgée de plus de 90 ans vit avec son fils depuis douze années. Le fils maltraite la mère. Les ordures s’accumulent dans la maison.
« Ils vivent dans la saleté et le noir. » La mère vit totalement sous l’emprise du fils. Elle souffre mais ne dépose pas plainte. Les gendarmes ne peuvent rien faire. « La situation est connue », dit Séverine Chané, la travailleuse sociale.
« J’essaie de saisir les autorités compétentes pour éloigner cette dame. Son fils, c’est sa maladie à elle. »