Un homme de 66 ans a été mis en examen pour le meurtre de Christel Oudin, une adolescente de 13 ans retrouvée morte en avril 1986. Ce crime appartient au dossier des « disparues de l’A26 », quatre jeunes femmes tuées entre 1985 et 1988 dans l’Aisne.
Il avait déjà été interrogé il y a plus de 30 ans et a toujours nié toute implication. Un homme a été mis en examen jeudi pour le meurtre de Christel Oudin, une adolescente de 13 ans retrouvée morte en avril 1986 quelques mois après sa disparition. Depuis 33 ans, ce cold-case revient sur le bureau des juges d’instruction qui se sont succédé, sans que la justice ne mette en cause un suspect.
L’homme, âgé aujourd’hui de 66 ans, a été interpellé et placé en garde à vue jeudi avant d’être mis en examen pour meurtre. Il avait déjà été interrogé dans le cadre de cette affaire, niant à chaque fois son implication dans la mort de Christel Oudin. A l’époque, il travaillait comme ouvrier sur le chantier où a été retrouvé le corps de l’adolescente. Conformément aux réquisitions du parquet, il a été laissé libre et placé sous contrôle judiciaire.
Le dossier plusieurs fois clos
Christel Oudin, 13 ans, a disparu le 17 novembre 1985, après avoir quitté le domicile de ses grands-parents à Moÿ-de-l’Aisne pour se rendre dans un autre village à 3 kilomètres de là. Elle devait emprunter des chemins de campagne, mais l’adolescente n’a jamais atteint le stade de Brissy-Hamégicourt. Pendant plusieurs mois, son sort reste incertain avant que son corps ne soit retrouvé le 9 avril 1986 à Anguilcourt-le-Sart, à une quinzaine de kilomètres, du domicile de ses grands-parents.
Le corps de l’adolescente a été retrouvé sur le chantier de l’autoroute de l’A26, lors de travaux de terrassement. A l’époque, les investigations ne donnent rien. Faute de pistes concrètes et de suspect, la justice est obligée de conclure à un non-lieu. En 1990, l’espoir renaît pour la famille de Christel Oudin, une nouvelle instruction est ouverte. En vain: le dossier est une nouvelle fois refermé le 5 mai 1992 sur un nouveau non-lieu. L’acharnement des avocats des parents de Christel Oudin relance l’affaire.
Des similitudes avec d’autres enquêtes
Saisis depuis quelques mois, Me Herrmann et Me Seban ont obtenu le 31 mai 2012 des juges de relancer l’enquête. Depuis plusieurs années, un lien avait été fait avec un autre meurtre commis dans la région à la même époque. En mai 1985, Sophie Borca, 16 ans, avait disparu à la sortie du collège-lycée Henri Martin de Saint-Quentin. Avant d’être retrouvée morte dans une forêt à Homblières. Sophie Borca et Christel Oudin était scolarisée dans le même établissement: en 2017, la justice a joint les dossiers.
Depuis, les gendarmes de la section de gendarmerie d’Amiens, saisis de l’enquête, ont repris les investigations. Comme pour de nombreuses affaires anciennes, la gendarmerie a associé les moyens nationaux avec l’appui du pôle judiciaire de la gendarmerie nationale. Aux moyens classiques d’enquête, comme les expertises ADN ou l’étude des emplois du temps ou des parcours des éventuels suspects, les « profilers », les gendarmes spécialisés en science comportementale, ont apporté un rôle complémentaire dans cette affaire. De quoi gonfler le dossier du juge d’instruction malgré l’absence d’aveux.
Le rôle des experts de la science comportementale
Idem pour l’affaire Borca. A ces deux meurtres, s’ajoutent aussi ceux de Marie-Thérèse Borde, 55 ans, et Ghislaine Charlier, 43 ans. La première a disparu le 23 octobre 1988 sur une aire d’autoroute de l’A26. Son corps, qui portait de nombreux coups violents à la tête, était retrouvé une semaine plus tard à Ployart-et-Vaurseine, un village de l’Aisne. La seconde était retrouvée morte le 1er juillet 1988, 24 heures après avoir disparu lors d’un jogging à Petit-Verly dans l’Aisne. Quatre meurtres surnommés l’affaire des « disparues de l’A26 ».
Récemment, la région a été marquée par un rebondissement dans une autre affaire criminelle. Jacques Rançon a reconnu avoir tué, en 1986, Isabelle Mesnage, une informaticienne de 20 ans qui avait été découverte, mutilée, cinq jours après sa disparition à l’été 1986 à Cachy, dans la Somme, à une soixantaine de kilomètres de Saint-Quentin. Là encore, le rôle des gendarmes de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale spécialisés en science comportementale avait joué un rôle important.