Levée des corps : les médecins retraités de la Creuse prêtent main forte aux enquêteurs
Les médecins retraités de la Creuse, au service de la gendarmerie et de la police : un partenariat vient d’être signé, entre la gendarmerie, la police, la préfecture, le parquet de Guéret et l’Ordre des médecins de la Creuse pour résoudre une difficulté souvent rencontrée par les enquêteurs. Lors de la découverte d’un corps, ils doivent attendre qu’un médecin puisse se déplacer, pour délivrer un certificat de décès, parfois pendant plusieurs heures.
Que la mort soit naturelle ou suspecte, seul un médecin peut établir le document, indispensable pour déplacer le corps et poursuivre l’enquête. De nombreux médecins, toutefois, ne peuvent pas répondre rapidement à l’appel de la police ou de la gendarmerie, dès qu’un cadavre est retrouvé. « Or, nous retrouvons, dans tout le département, entre trois et cinq corps chaque semaine« , précise le colonel de gendarmerie Philippe Vincent, commandant du groupement de la Creuse. Chaque semaine, des fonctionnaires ou des militaires sont donc bloqués pendant plusieurs heures, sans pouvoir débuter leur travail d’enquête.
« Quand j’ai débuté ma carrière, la moitié de mon travail consistait à réaliser des promenades, c’est-à-dire des tournées de visites à domicile, indique le docteur Jean-Pierre Pakomoff, à la retraite. Nous pouvions passer pour un certificat de décès entre deux visites. A la fin de ma carrière, 80% de mon travail était en cabinet. » Il a donc répondu favorablement à l’appel des forces de l’ordre : « je reste fidèle« . La difficulté, pourtant, n’est pas récente, ni spécifique au département de la Creuse.
« Il y a une quinzaine d’années, j’avais été appelé par les gendarmes pour le certificat de décès d’une jeune fille de 14 ans qui s’était suicidée, se rappelle André Fournier. J’étais passé après ma journée au cabinet, il était plus de 19h. Les gendarmes m’avaient dit qu’ils attendaient depuis déjà 14h. » Gendarmes et policiers sont donc ravis de mettre en place ce protocole. Onze retraités ont déjà accepté de participer, ce qui est beaucoup, estime le procureur de la République de Guéret, qui a déjà vu ce système fonctionner lors de ses précédentes affectations.
Concrètement, les enquêteurs continueront de solliciter d’abord les médecins les plus proches, en activité. Si aucun n’est disponible, ils contacteront alors l’un des retraités qui a accepté de participer au protocole. « C’est important à plusieurs niveaux, explique le colonel Philippe Vincent. Il y a d’abord les exigences de la police scientifique : plus le temps passe, plus la scène du crime potentiel peut se dégrader et nous avons besoin d’agir vite. Il y a surtout le respect dû aux personnes décédées et à leur famille. Quand le corps se trouve dans une maison, nous voulons pouvoir rendre les lieux le plus vite possible pour que la famille puisse débuter son deuil. Pour les décès qui ont lieu dans l’espace public, laisser un corps dans ces conditions n’est pas digne.«
Les médecins à la retraite qui souhaiteraient entrer dans le dispositif peuvent se signaler auprès des gendarmes ou des policiers de leur commune ou en composant le 17.