«Les femmes ont leur place dans la gendarmerie»
À l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes, nous avons souhaité mettre à l’honneur une femme d’exception. Le chef d’escadron Céline Thomas, commandant de la compagnie de gendarmerie de Bagnères-de-Bigorre, en est incontestablement une. Quoique quelque peu surprise par notre sollicitation, c’est avec plaisir, et surtout avec l’humilité et la franchise qui la caractérisent, qu’elle a accepté d’évoquer pour nous son travail et la place des femmes dans un milieu traditionnellement d’hommes.
Car rappelons que jusqu’aux années 1960, les femmes n’étaient pas admises dans la gendarmerie nationale. Et si la loi du 13 juillet 1972 leur a entrouvert les portes en les acceptant à des postes essentiellement administratifs, il leur a fallu attendre 1982 pour se voir confier des missions de terrain et même 1987 pour voir la nomination de la première femme officier.
Aujourd’hui, le sexe dit faible représente près de 20 % des effectifs (contre 12 % en 2005) et le commandement n’est plus réservé aux seuls hommes.
La première commandant du département
Dans les Hautes-Pyrénées, le chef d’escadron Thomas a ouvert la voie en 2008. Elle était alors la première femme à commander une brigade dans le département. Elle est, aujourd’hui, l’unique commandant de compagnie féminin en Bigorre. «Au niveau national, je suis loin d’être une exception. À la gendarmerie, les femmes ont toute leur place et on est très bien acceptées», nous dit-elle, tout en reconnaissant qu’«il faut être doté d’un certain caractère, et d’un caractère certain». C’est son cas et ce serait même inné. Aussi, ne faites pas l’impair de l’appeler «commandante» ou «cheffe d’escadron». «Je suis militaire et j’ai choisi d’être en grade militaire, historiquement masculin. Tant que j’ai le choix, j’y tiens», souligne le commandant Céline Thomas.
Ce qui n’exclut pas la touche féminine. Sans pour autant être féministe. «Au travail, je suis commandant, à la maison, je suis épouse et belle-mère de trois enfants.»
«Ce qui compte, c’est d’être compétent et dynamique»
Et être une femme peut aussi être un réel atout dans certaines situations. «Les femmes ont une sensibilité différente, ce qui peut apaiser la situation dans certains cas. Mais notre métier est exigeant et que l’on soit homme ou femme, ce qui compte, c’est d’être compétent et dynamique.» Mais si l’évolution des effectifs penche en faveur de la gent féminine, qu’en est-il de la réalité du terrain ? «J’ai intégré la gendarmerie en 2006 et cela fait onze ans que je commande des hommes et des femmes. C’est très enrichissant et je n’ai jamais eu de difficulté en tant que femme, je n’ai pas ressenti le besoin de faire mes preuves plus qu’un homme. Mais en tant que femme, on doit être présent tout de suite. Plus que l’évolution de l’acceptation des femmes dans ce corps de métier, c’est l’expérience qui me permet de progresser. J’ai aussi rencontré des joies et des peines, ça renforce», nous confie celle qui tient à «rester humble et être à l’écoute» en toutes circonstances car, comme elle dit, «on apprend tous les jours». Quitte à enchaîner des journées à rallonge.
«Effectivement, je commence tôt et je finis souvent tard mais c’est un choix. J’ai la chance d’exercer un métier passion et j’ai fait le choix de mettre en avant mon travail», nous confie-t-elle, avant de glisser, «je vous rassure, je prends aussi du temps pour moi !». Il faut, surtout en ce 8 mars où les femmes sont à l’honneur.