Essonne : les gendarmes effectuent désormais des rondes régulières dans le RER
La gendarmerie de l’Essonne et la Sûreté ferroviaire ont signé une convention permettant des actions communes dans les RER C et D. Nous les avons suivis mercredi soir, en gare de Lardy. Reportage.
Premier voyageur dans ce RER C roulant vers Saint-Martin-d’Etampes, première prise. Jenko, malinois de 4 ans du Groupe d’investigation cynophile (GIC) de Beynes (Yvelines) marque l’arrêt devant un passager. Michel* a 17 ans. Le flair du chien a été attiré par le paquet de cigarettes de l’adolescent.
Michel appelle sa mère pour lui dire qu’il est entre les mains des gendarmes puis passe le téléphone au maître de chien : « Votre fils a été pris avec de la résine de cannabis ». Michel sera convoqué plus tard. Il n’est pas connu de la gendarmerie. Son passe Navigo ? Il tâte ses poches. « Je ne comprends pas, je l’avais », assure-t-il. Un agent de la SNCF : « Vous n’êtes pas en mesure de le présenter. Vous pouvez régler 50 € ? ». « Oui », répond Michel sans broncher.
Une fois par semaine dans 27 gares
Mercredi soir, 23 gendarmes et agents de la Suge ont patrouillé ensemble dans les rames du RER C pour la 8e fois depuis le début du mois d’octobre, menant à 15 interpellations, principalement pour possession de produits stupéfiants. « De nombreux PV ont également été dressés par les agents de la Suge notamment pour des personnes fumant à bord des trains », relate Romain Bossard, directeur adjoint de la zone de sûreté Ile-de-France Sud à la Suge.
Ces patrouilles groupées sont le résultat d’une convention signée entre les deux services en septembre pour permettre une présence des forces de l’ordre plus visible. Depuis 2014, ce genre d’actions régulières est déjà mis en place dans le Val-d’Oise et les Yvelines. Plus récemment en Seine-et-Marne.
Leur but : « Dissuader les potentiels délinquants, prévenir les comportements gênants et rassurer les clients de la SNCF », indique la colonelle Karine Lejeune, qui commande le groupement de gendarmerie de l’Essonne. Ce genre d’opérations se répétera ainsi au rythme d’une fois par semaine dans les 27 gares de l’Essonne se trouvant en zone gendarmerie.
Les passagers apprécient la présence des forces de l’ordre
Si elle n’a jamais été agressée, Myriam, qui prend chaque jour le RER D pour se rendre au travail, aimerait croiser plus souvent les forces de l’ordre. « Il y a parfois des gens assez bizarres, des regards qui dérangent, avoue-t-elle. S’ils étaient là, je serais rassurée ». Preuve que ce sentiment est partagé : en gare de Lardy, devant cette forte présence d’uniformes, une passagère se rapproche d’une patrouille sur le quai pour poursuivre la lecture de son livre et être moins isolée.
La patrouille repart. Un gradé conseille : « On monte en bout et en fin de train. C’est là qu’on peut trouver des personnes qui veulent se mettre un peu à l’écart ».
Le chien renifleur de drogue Jenko est très efficace. Au fur et à mesure que la patrouille avance dans le train, son odorat est en alerte. Un passager lance, à l’arrivée des forces de l’ordre : « Moi, j’aime pas les chiens ».
« Allô ? Vous avez du cannabis sur vous ? »
Il ne faut pas longtemps pour que le malinois se plante devant un nouvel usager. Le jeune homme plane un peu. « Allô ? Vous avez du cannabis sur vous », interroge le maître de chien. Le garçon présente un sachet vide. « Vous en aviez quand », reprend le gendarme. « Hier », répond le voyageur. « Vous avez un titre de transport ? », questionne l’agent. « Non ». « Suivez-nous ». Il souffle. Sur le quai de la gare de Chamarande, les bras en croix, il est palpé. Pas de stupéfiants. Lui aussi devra régler une amende de 50 €.
Au cours de cette opération, deux personnes ont été interpellées en possession de produits stupéfiants, six ont été verbalisées, onze ont été rappelées à l’ordre en raison de comportements gênants – pieds sur les sièges notamment – et cinq bagages ont été inspectés visuellement.* Le prénom a été modifié
« AUGMENTER NOTRE VISIBILITÉ »
Concrètement, les forces de l’ordre – gendarmes ou policiers – pouvaient déjà monter dans les trains et procéder à des opérations de contrôles. Mais voilà : faute de temps et d’effectifs, leur présence dans les rames n’était jusqu’alors pas régulière.
« Le but de la convention signée est d’augmenter notre visibilité », explique Romain Bossard, directeur adjoint de la zone de sûreté Ile-de-France sud à la Sûreté ferroviaire (Suge). Selon un calendrier précis, les deux services réalisent donc des patrouilles mixtes.
Une formule qui n’existe pas dans les secteurs où agit la police nationale. C’était déjà le travail de la Suge, qui fête cette année ses 104 ans. « Petit à petit, nous avons augmenté nos effectifs, ajoute Romain Bossard. La Suge s’est développée dans le milieu des années 1990 et a mis l’uniforme ».
Dernier changement en date apporté en 2016 par la loi Savary qui permet un contrôle visuel des bagages. Dans le train, les agents ont besoin d’un certain nombre d’indices pour faire ouvrir un sac : crosse d’arme qui sortirait ou fils électriques laissant penser à une bombe. Sur le quai, pas besoin d’indice. « Le voyageur peut refuser, reprend Romain Bossard. Dans ce cas, l’accès au train lui est interdit ». Jeudi soir, tous ont accepté.