Jacques Mignaux, ex-directeur de la gendarmerie nationale, se fait auteur de polar
Dans son premier roman, Jacques Mignaux évoque les combats de la résistance dans le Vercors et la traque pour retrouver un traître dans une France pressée d’oublier.
Ici l’histoire est inscrite dans la pierre. Le massif du Vercors fut le théâtre de l’un des plus tragiques épisodes de la Seconde Guerre mondiale en France. Imposant, mystérieux, ce haut plateau calcaire dressé entre Grenoble (Isère) au nord et Die (Drôme) au sud, ne sert pas seulement de décor au récit de Jacques Mignaux : au fil des pages, il en devient l’un des personnages.
L’auteur, qui prend comme point de départ à l’intrigue la chute du maquis en juillet 1944, est légitime à plus d’un titre à raconter cette histoire. Régional de l’étape, né au pied du plateau, il connaît tous les sentiers de son pays (même s’il choisit d’inventer certains lieux tant la douleur est encore vive là-haut).
Ancien directeur de la gendarmerie entre 2010 et 2013, il est bien placé pour savoir que les militaires du régime de Vichy, chargés de l’ordre public, ont également fourni de grandes figures à la résistance. Enfin, le général en connaît un rayon en matière de roman noir puisqu’une partie de son métier consista à dénouer les mystères criminels.
Noirs souvenirs du Vercors
D’où ce polar historique très documenté sur l’armée des ombres, les collaborateurs et les attentistes. Trois jeunes gens, Paul, Jean et Philippe, essaient d’échapper à la nasse qui se referme sur la jeune République du Vercors. Ils y parviendront mais l’énigme commence dans cette agonie.
Alors qu’à la libération les vestes se retournent, que la vengeance s’érige en justice, comment arrêter et juger les chefs miliciens qui, au mépris des lois de la guerre, ont assassiné de jeunes combattants et martyrisé les vieux paysans de la ferme des Coulonges ? Qui est le traître ? Et quelles étaient ses motivations ?
La réponse ne se dévoile qu’aux dernières pages, cinq ans après les combats, dans l’apparente quiétude d’un petit garage automobile. Alors que dans l’après-guerre, les Français se prennent à rêver d’un retour à la normale, les noirs souvenirs du Vercors éclatent de nouveau comme une grenade.
« Avant que leurs traces ne s’effacent », par Jacques Mignaux, Dacres éditions, 288 p., 14 €.