TÉMOIGNAGE. Notre-Dame-des-Landes : l’inquiétude des femmes de gendarmes
Elles sont en colère et le font savoir. Elles, ce sont les femmes des gendarmes mobilisés à Notre-Dame-des-Landes dont plus de 50 ont été blessés. Elles dénoncent un immobilisme politique.
« Nos maris n’ont pas le droit de s’exprimer à cause de leur devoir de réserve. Mais, nous, oui » explique Virginie Rodriguez, responsable Grand Ouest de l’association d’aide aux membres et familles de la gendarmerie. Et comme de nombreuses femmes de gendarmes engagés à Notre-Dame-des-Landes depuis la semaine dernière, c’est un véritable « coup de gueule » qu’elle pousse.
« J’en ai marre que l’on présente parfois les zadistes comme des écologistes pacifistes et que les gendarmes, sur place, servent de chair à canon et qu’on leur donne des moyens pathétiques, s’insurge Virginie Rodriguez. J’ai reçu énormément d’appels de familles de gendarmes qui s’inquiètent vraiment pour leurs maris ou leurs pères. Plus de cinquante ont déjà été blessés, dont certains grièvement. » Les images, vidéos et témoignages des affrontements lui donnent l’impression d’un déséquilibre dans le rapport de force.
« Les moyens sont totalement disproportionnés »
Une colère contre les zadistes « ultra-violents qui n’hésitent pas à utiliser des cocktails Molotov et des jets d’acide », mais aussi contre le gouvernement. « Il faut que ce dernier prenne ses responsabilités et les discours ne suffisent pas. Demain, des gendarmes peuvent être tués à cause de cet immobilisme. On a tellement peur d’un nouveau Rémi Fraisse qu’ils mettent nos maris dans une situation dangereuse et ubuesque. Les moyens sont totalement disproportionnés. Avec des gaz lacrymogènes face à des projectiles mortels ou qui peuvent provoquer des blessures très graves. »
Pour elle, c’en est assez. « Pour moi, c’est de la couardise politique. Nos maris ne sont pas là-bas pour prendre impunément des coups. Ce ne sont pas non plus des boucs émissaires. Ils sont là parce qu’on leur a donné l’ordre d’y être, mais sans vraiment leur donner les moyens de remplir leur mission. »
Une situation qui l’inquiète de plus en plus. « Pourquoi ils ne peuvent pas répondre proportionnellement à la violence à laquelle ils doivent faire face ? » Et surtout : « Comment on va faire pour sortir de ce bourbier avant qu’il y ait un drame ? » C’est aussi ce que redoutent les zadistes, qui annoncent plus de 150 blessés dans leurs rangs.