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Les gendarmes caution à leur insu

En communiquant sur l’installation d’un système anti-terrorisme dans les écoles de Kaysersberg Vignoble, la société MyKeeper est allée un peu vite en besogne. La gendarmerie a en effet été très étonnée de servir d’argument de vente à une société privée.

Le 31/01/2018 05:00 par Véronique Berkani , actualisé le 30/01/2018 à 23:31 Vu 2081 fois

Nicolas Demarchez (au premier plan), en charge du marketing et de la commercialisation chez My Keeper, et Pascal Lohr, maire de Kaysersberg Vignoble, jeudi dernier, lors de la démonstration du dispositif « Secur École » à l’école Les Crécelles de Kientzheim.Photo  L’Alsace/ Hervé Kielwasser

Nicolas Demarchez (au premier plan), en charge du marketing et de la commercialisation chez My Keeper, et Pascal Lohr, maire de Kaysersberg Vignoble, jeudi dernier, lors de la démonstration du dispositif « Secur École » à l’école Les Crécelles de Kientzheim.Photo  L’Alsace/ Hervé Kielwasser

Confusion savamment entretenue ?

De leur côté, les gendarmes se sont montrés très étonnés d’apprendre qu’ils étaient associés à la promotion d’un système pour lequel ils n’avaient aucunement été sollicités. « Ce type de partenariat est éventuellement possible, mais il doit être validé par la Direction générale de la gendarmerie nationale à Paris car il s’agit d’une mission qui, normalement, ne nous incombe pas », indique le lieutenant-colonel David Maitrot, officier adjoint commandement du groupement de gendarmerie du Haut-Rhin. Comme pour n’importe quelle autre société de télésurveillance, dans le cas de « Secur École », c’est l’entreprise qui s’occupe de « la levée de doute » – c’est-à-dire qu’elle vérifie s’il y a intrusion malveillante ou pas – et avertit, le cas échéant, le Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG).

Mais dans la plaquette commerciale distribuée par My Keeper, un schéma décrivant le dispositif trace une flèche directe entre la balise détenue par les enseignants et les forces de l’ordre, par le biais d’un SMS. Et c’est bien ce que vante l’entreprise : en plus du rôle d’intermédiaire assuré par un opérateur de téléassistance, l’activation des balises provoque l’envoi direct de SMS aux forces de l’ordre. L’alerte est ainsi envoyée via deux réseaux : GPRS (2G) et GSM (SMS). Si l’une est défaillante, l’autre prend le relais.

Alors, arguments de vente fallacieux ou confusion savamment entretenue ? Le moins que l’on puisse dire est que l’entreprise entretient le flou en employant tour à tour et indistinctement les termes de « forces de l’ordre », « police » ou « gendarmes ».

Lundi soir encore, le maire de Kaysersberg Vignoble et Évelyne Meyer, maire déléguée de Kaysersberg, nous indiquaient que le dispositif qu’ils avaient retenu après un appel d’offres auquel cinq entreprises avaient répondu impliquait la collaboration directe avec la gendarmerie. Mais renseignements pris, seuls les deux policiers municipaux de la commune nouvelle, ainsi qu’un certain nombre d’élus et de membres du personnel municipal, recevraient immédiatement les SMS en cas d’alerte.

Arrangement local et démarche informelle

« My Keeper semble présenter comme acquis un fonctionnement qui n’est qu’un arrangement local » , précise le lieutenant-colonel David Maitrot. L’entreprise a en effet noué des contacts avec les commandants des brigades de Bar-sur-Loup et Saint-Vallier-de-Thiey, dans les Alpes-Maritimes, qui ont accepté de leur communiquer les numéros des téléphones portables professionnels des personnels qui sont sous leurs ordres. « Il ne s’agit pas d’un partenariat à proprement parler, mais d’une démarche informelle, ces numéros ne sont en aucun cas confidentiels » , nous indiquait hier la cellule de communication du groupement de gendarmerie des Alpes-Maritimes basée à Nice. Mais ce qui vaut dans les Alpes-Maritimes ne vaut pas – en tout cas pas pour l’instant – dans le Haut-Rhin.

Dans le secteur très concurrentiel et en plein développement de la sécurité, My Keeper place ses billes et part à la conquête des marchés, utilisant, au passage, la gendarmerie comme caution.

Sourcewww.lalsace.fr

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