Les victimes de
cybercriminalité vont
pouvoir déposer plainte sur
Internet25
Par Guillaume Descours Publié
Une nouvelle plateforme va être mise en place dans les prochains mois par le ministère de l’Intérieur. L’objectif est de faire gagner du temps aux internautes et centraliser le traitement de ces attaques qui touchent généralement des milliers de personnes.
Permettre aux victimes de déposer plainte à n’importe quelle heure et de n’importe où. C’est l’objectif visé par la plateforme de traitement harmonisé des enquêtes et des signalements de e-escroqueries (Thesee) de la police judiciaire. Présenté ce mardi à l’occasion du dixième Forum international de la cybersécurité qui s’ouvre à Lille, ce projet s’inscrit dans la continuité des mesures prises ces dernières années pour lutter contre la cybercriminalité. Depuis 2013, il était déjà possible de déposer des pré-plaintes sur internet pour des affaires d’atteinte aux biens. La plateforme Thesee va encore plus loin. «Le principe est exactement le même que lorsque l’on porte plainte dans un commissariat. Le plaignant devra remplir certaines informations, avant d’enregistrer sa plainte. Quand celle-ci sera enregistrée il recevra le procès-verbal validé par un officier de police par e-mail», explique une source au ministère de l’Intérieur.
Au lancement de cette nouvelle plateforme, des plaintes pourront être déposées pour six types d’infraction: le piratage de messagerie électronique (mail, profil, réseau social…) ; le chantage en ligne tel que des demandes de rançons pour débloquer un ordinateur ; le «rançongiciel», un programme malveillant reçu par courriel ou mis à disposition sur un site Internet qui provoque le chiffrement de tous les fichiers d’un ordinateur ; l’escroquerie à la romance. Pour cette infraction, l’escroc se fait passer pour une autre personne afin d’inciter sa victime à tomber amoureuse pour, ensuite, lui soutirer de l’argent par des voies de chantage. L’escroquerie à la petite annonce, et la fraude liée aux faux sites de ventes complètent la liste.
D’autres types de délits pourraient rejoindre cette liste dans le futur si le système «fonctionne bien», a admis Valérie Maldonado, commissaire divisionnaire et adjointe à la sous-direction de la lutte contre la cybercriminalité (SDLC) dans Le Parisien .
«Centraliser le traitement»
Sur Internet, «l’escroc opère, concomitamment, en direction de milliers ou de dizaines de milliers de victimes potentielles sur le territoire national. La mise en place d’une plateforme dédiée aux e-escroqueries permet dès lors de centraliser le traitement du contentieux par des équipes spécialisées», explique la police nationale dans un communiqué.
Alors que la cybercriminalité continue d’augmenter en France, la police met à la disposition de chacun un produit «plus confortable à l’utilisation. Avec Thesee, plus besoin de se déplacer au commissariat. Tout se fait depuis votre ordinateur ou votre smartphone», précise le ministère. Cela devrait également permettre un plus grand nombre de plaintes pour des faits de cybercriminalité. «Il y a beaucoup de gens qui se font arnaquer sur internet et pourtant beaucoup ne portent pas plainte», reprend cette source. L’an dernier, la délinquance en ligne a coûté entre 230 et 265 millions d’euros contre 200 millions en 2016, selon des chiffres du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N).
Outre les plaintes en ligne, la plateforme Thesee permettra également aux internautes de poster des signalements. Pour ce type de service, ils peuvent choisir de rester anonyme. La plateforme sera lancée dans les prochains mois. Elle sera disponible depuis le site service-public.fr.