- Le 20/11/2017 à 05:00
Leur arrivée a fait l’effet d’une mini- révolution dans la mobile de la gendarmerie. Jusqu’à présent , les femmes n’avaient pas le droit d’intégrer ces escadrons spécialisés dans le maintien de l’ordre , qui officient dans tout le paysen fonction des besoins. Mais en 2015, la Région de gendarmerie de Sathonay-Camp a été choisie pour mener une expérimentation nationale . Boucliers, gilets pare- balles , casques, équipements lourds : les élèves onttravaillé dans des conditions identiques à leurs collègues masculins en opérations. Une mixité qui s’est avérée très concluante : elles sont aujourd’hui neuf à faire partie de la mobile à Sathonay-Camp, où leurs missions sont exactement les mêmes que celles confiées aux hommes.
ELLES FONT 250 JOURS DE MISSIONS PAR AN
« Forcément, certains hommes étaient un peu réticents au début . Mais on leur a vitemontré de quoi on était capables ! » Marine, Charlotte et Emilie, à peine 30 ans, ne sont pas le genre de filles à être intimidées. En 2015, elles ont fait partie des premièresfemmes à intégrer un escadron mobile de la gendarmerie à Sathonay-Camp. « On est des pionnières », sourient celles qui passent désormais entre 200 et 250 jours en missions sur tout le territoire. Dans le mêmeeffectif que les hommes : c’est unenouveauté majeure dans la gendarmerie.
« Physiquement, elles tiennent la route »
Une semaine dans le Sud pour renforcer les dispositifs estivaux, deux jours dans l’Ouest pour sécuriser une manifestation , plusieurs mois à Calais pour surveiller les migrants : leur quotidien est rythmé par des déplacements incessants. « C’est pour cette raison que j’ai choisi la gendarmerie mobile, avoue Charlotte. Les opérations sont variées, on voyage, on fait de belles rencontres et on apprend des choses différentes sur le terrain . Je voulais profiter de cette opportunité en étant jeune et célibataire. »
« C’est une autre facette du métier de gendarme », assure Marine. Elles sont déployées là où les besoins en effectifs sont importants. Emilie a passé l’été dans les stations balnéaires du Sud. Elle se rendra dans quelques jours en Grèce pour travailler sur l’ immigration clandestine avec la police locale . Une vie à 100 à l’ heure, avec quelques périodes où le trio se retrouve à Sathonay-Camp pour se raconter ses expériences . Mais comment s’est passée l’ intégration avec les hommes ? « On a été observée avec attention au début, se souvient Charlotte. Mais en fait, c’est comme pour tous les nouveaux , que ce soit des filles ou des garçons. Lorsque tu montres que tu es compétent , tu arrives à parfaitement t’intégrer. » « Physiquement, elles tiennent vraiment la route », confirme-t-on au commandement de l’escadron. Elles occupent désormais les mêmes postes que les hommes dans la « mobile ». Et peuvent être confrontées à des situations de vive tension comme en Guyane ou lors des manifestations contre la loi Travail , où elles étaient présentes pour assurer le maintien de l’ordre, bouclier en mains. « Leur arrivée s’inscrit par « une volonté de parité dans la gendarmerie », rappelle le capitaine Mostefa, soulignant que « les femmes sont de plus en plus nombreuses à souhaiter intégrer la mobile ». « C’est une super expérience quand on est jeune », avouent Marine, Charlotte et Emilie, sous le charme de ce quotidien sans routine, où elles sont maintenant à égalité parfaite avec les hommes de partout en France.
Yoann Terrasse
DES HÉBERGEMENTS RÉORGANISÉS
Nouvelle mixité oblige, la logistique a parfois été revue dans certaines casernes. « Il a fallu trouver des solutions, notamment pour les douches car certaines étaient collectives », souligne-t-on à la Région de gendarmerie de Sathonay-Camp. C’est l’unique modification qui a été opérée depuis l’intégration des femmes dans la mobile.