BESANÇON – ENTRAÎNEMENT
Sur les traces des chiens gendarmes
Les maîtres-chiens gendarmes de la région s’étaient donné rendez-vous au Fort Benoît, à Besançon, pour des exercices grandeur nature. Nous étions dans leur sillage, truffe au sol. Ambiance.
- LE 02/07/2017 À 05:02
- MIS À JOUR À 11:47
L’espace d’une journée, 13 chiens gendarmes de Franche-Comté et leurs maîtres se retrouvaient au Fort Benoît de Besançon, terrain de jeu parfait pour aiguiser leurs pratiques opérationnelles. Ces sessions collectives, mensuelles, prolongent les quatre heures d’entraînement quotidien requises. Nous avons suivi deux mises en situation de l’intérieur.
Chiens de défense : tous crocs dehors
Bienvenue dans les sous-sols humides et obscurs du fort militaire. Une bande sonore diffuse des cris, des sirènes hurlantes. Les couloirs, étroits, sont enfumés et jonchés de pneus. Ambiance de jeu vidéo… C’est à Cédric et son berger malinois de jouer. Pour de vrai ou presque. Le duo « à six pattes » est en condition réelle, sans connaissance du scénario à venir. Une silhouette hostile en carton jaillit. Cédric dégaine et tire, à balles réelles (du petit calibre).
Plus loin, un de ses collègues est à terre, blessé à la jambe. Il doit le prendre en charge. Mais des coups de feu retentissent, la menace approche. On ne rigole plus. « Cherche-attaque ! » : Cédric lâche le fauve, qu’il a pris soin de démuseler. Il finit par débusquer le (faux) méchant, qui avait pris la précaution d’enfiler une épaisse combinaison de protection. Bien lui en a pris : le chien l’attrape à la cuisse et ne le lâche pas. La proie volontaire hurle, simulant la surprise et de douleur. Mais on croit distinguer dans ce cri, une dose de crainte réelle. « Quand le chien mord, il mord ! La pression est forte, 100 kg/cm2 en moyenne. On vise les membres en priorité, ce qui peut occasionner des arrachements musculaires ou des fractures », précise Aurélien Dhote, le référent régional de l’équipe cynophile.
L’homme est satisfait de la prestation de Cédric. « Le chien est une arme. On teste son obéissance, son abnégation, sa gestion du stress. Il faut qu’il reste focus. Comme pour les hommes, tous les chiens ne sont pas au même niveau », glisse Aurélien.
Recherche de drogue : le tourbillon sur pattes
Truffe au sol, Luna court, court et court encore, bondit sur une table, renverse un carton, revient sur ses pas, yeux étincelants, agile comme un chat. Un tourbillon déconcertant. Boule d’énergie, elle cherche, renifle, glapit, et se retourne souvent vers Eric, son maître, « son papa », en quête d’un geste ou d’une approbation. Sa mission : détecter « des charges » de drogue ou de billets de banque.
La jeune Luna est encore en apprentissage. Eric, lui, a déjà mené des centaines de perquisitions de ce genre. « Quand on arrive quelque part, on réalise d’abord un inventaire d’odeurs. Le chien court de lui-même partout. Puis on va l’orienter sur certaines zones, voire pointer du doigt un endroit précis », révèle Eric, qui ira parfois jusqu’à porter sa moitié en cas de caches potentielles situées en hauteur. « Une odeur est comme un nuage. Si la charge est présente depuis longtemps, le nuage aura diffusé. Sinon, le nuage sera court et plus facile à détecter », détaille-t-il.
Luna s’arrête soudain et s’assoit. Elle vient de marquer. Eric fouille. Jackpot, du cannabis ! « Dès fois, son regard seul en dit long. On comprend qu’elle me dit “c’est là papa, qu’est ce que tu attends pour me récompenser !’’ », sourit le gendarme. Car pour le chien, à tout moment, c’est l’esprit de jeu qui prime.