PONT-DE-BEAUVOISIN
Prison ferme pour avoir foncé sur le portail des gendarmes
Chez les mauvais conducteurs, on reconnaît aussi la crème à ceux qui osent tout. Samedi soir, un habitant de Pont-de-Beauvoisin s’est illustré au point de se retrouver hier à la barre du tribunal correctionnel de Chambéry. Stéphane Beaudier, 23 ans, était jugé en comparution immédiate pour avoir gravement troublé l’ordre public et mis la vie d’autrui en péril. Après avoir bu quelques bières chez un ami samedi après-midi, il avait pris le chemin de la maison quand une voiture de gendarmerie lui aurait fait une queue de poisson.
Pour son avocat, il a « pété un plomb »
Et comme le jeune homme ne rigole pas avec le code de la route, il s’est mis en tête d’aller l’expliquer, à sa manière, aux militaires le soir même. Dérapages dans le centre-ville, freins à main dans les ronds-points, il a fini son rodéo en emboutissant les portails des casernes de gendarmerie côté Savoie et côté Isère. Lorsque les gendarmes savoyards se sont lancés à sa poursuite, il a tenté de leur échapper mais l’ embrayage de sa voiture a lâché et le jeune père de famille s’est rendu, sans avoir encore digérer la queue de poisson : « Sales enc…, sales shmits ! ». À la barre du tribunal, hier, et depuis qu’il a repris ses esprits, dimanche matin, Stéphane Beaudier se confond en excuses : « Je ne suis pas cet homme-là. Mais je n’ai pas l’habitude de boire. J’ai un tout petit gabarit, je n’encaisse pas. » Pour les trois gendarmes qui l’ont arrêté, et qui s’étaient constitué partie civile : « On a eu beaucoup de chance dans ce dossier qu’il n’y ait pas de victime car il est allé au bout avec sa voiture. C’est la casse de l’embrayage qui fait qu’il s’arrête. » Invité par le tribunal à prendre conscience de la dangerosité de ses actes, le jeune homme, qui sera prochainement de nouveau père, n’en menait pas large : « C’est vrai que s’il y avait eu quelqu’un sur la route, ça aurait pu être plus pire. »
La représentante du ministère public, Gwenaëlle Terrieux, soulignait : « La gendarmerie n’est pas qu’un symbole de l’État. C’est aussi un lieu de vie avec des familles. » Elle continuait en expliquant que le prévenu a un problème avec les voitures. Il reconnaissait hier : « La mécanique c’est une passion. Mais c’est vrai que quand je suis énervé, plutôt que de taper quelqu’un, je vais taper sur ma voiture. » Ou « péter un plomb », comme il l’a fait ce soir-là, selon son avocat, Me Kalil Choutri : « Et tout le monde ne réagit pas de la même manière en absorbant de l’alcool. Il vous le dit, il ne boit jamais. » Le tribunal s’est montré plus clément que le parquet dans ses réquisitions et a condamné Stéphane Beaudier à une peine de 12 mois de prison dont 6 ferme (18 dont 8 ferme demandés).
Les 2 mois avec sursis qu’il encourait pour une ancienne condamnation ont été révoqués. Sa voiture a été confisquée et son permis annulé. Le mandat de dépôt n’a pas été prononcé.