25 août 2015, 16H00: ce forain de 74 ans, en «rage» pour d’obscures raisons, ouvre le feu sur une famille dans un camp de gens du voyage de Roye (Somme) où il résidait. Puis, avec 2,29 g d’alcool dans le sang, il tire sur les gendarmes alertés par les coups de feu.
Bilan: quatre morts, Michel Baumgaertner, 46 ans, sa petite-fille Lovely, 8 mois, sa belle-fille Mallaurie, 19 ans, et le gendarme Laurent Pruvot, 44 ans, ainsi que deux blessés graves.
«Tout l’enjeu de l’audience sera de comprendre ce qui a pu amener Ruffet à commettre ces faits. Elle ne sera jamais en proportion de la gravité de ce qu’il a fait, mais il y a forcément une raison», estime Me Guillaume Demarcq, avocat de l’accusé.
Vingt mois après cette tuerie, le mobile de Ruffet, dédouané de toute «anomalie mentale ou psychique» selon les expertises, demeure en effet très flou.
L’enquête révèle bien des tensions avec la communauté des gens du voyage liées à une dispute remontant à juin 2014 entre Baumgaertner et Ruffet, mais les causes sont indéterminées.
Seul un point de discorde concret est soulevé par l’instruction: les branchements à l’eau et à l’électricité.
Ainsi, ce 25 août, c’est lorsqu’il remarque que Baumgaertner a retiré son branchement pour y mettre le sien, que, furieux, il serait remonté dans sa caravane chercher son fusil.
«Ces gens-là» étaient de la «pourriture», de la «racaille», dira Ruffet aux enquêteurs, ajoutant être content d’avoir «crevé» ces «parasites».
– Un ‘solitaire’, un ‘monstre’
«Il est dans la revendication provocatrice, Ruffet a un mépris de la nature humaine. La gamine, il l’a descendue dans son lit papillon, à bout portant!», s’emporte l’avocat de la famille décimée, Jérôme Crépin.
Lors de l’instruction, Ruffet répète qu’il ne «regrette rien» sauf «pour le gendarme», affirmant qu’il ne savait pas qu’il en était un.
«Il était certes très imbibé d’alcool, mais très conscient de ce qu’il faisait. Les gendarmes étaient en uniforme, avec leurs véhicules sérigraphiés, ils ont fait des sommations (…) S’il regrette, pourquoi l’a-t-il tué ?», lance Ludovic De Villele, avocat de la famille de Laurent Pruvot.
Dans l’aire d’accueil communale où vivait depuis plusieurs années une quarantaine de gens du voyages semi-sédentarisés dans des caravanes, l’ambiance était décrite comme «bonne» et Ruffet comme une personne ne posant pas de difficultés.
Huitième d’une fratrie de treize, il a grandi dans une famille de forains en Picardie où il est allé à l’école jusqu’à «12-14 ans». Il a eu quatre enfants, dont l’un décédé dans un accident de voiture en 2008.
Son ex-épouse décrit un homme «autoritaire», ses enfants une personne «alcoolique», «très violente», sa fille parlant même d’un «monstre». Des proches évoquent aussi un homme «solitaire», passionné de chasse et de pêche, qui avait des «coups de sang», mais qui était également «droit» et «courageux».
Cette tuerie avait débouché sur le blocage de l’autoroute A1 par des gens du voyage de Roye, au plus fort des retours de congés fin août 2015. Ils exigeaient la remise en liberté du fils d’une victime ainsi qu’un proche, le temps d’assister aux funérailles. Dix des auteurs du blocage avaient été condamnés en février 2016 à des peines allant de quatre à 18 mois ferme.
Le procès doit s’achever le 5 mai.
Source : www.paris-normandie.fr
Tuerie en Picardie: Ruffet « regrette » d’avoir tué un gendarme
« Je regrette énormément, c’est pour le gendarme que je suis ici », a affirmé mercredi Marcel Ruffet, accusé d’avoir tué au fusil trois membres d’une même famille et un gendarme dans un camp de gens du voyage à Roye, devant la cour d’assises de la Somme.
« Je ne savais pas que c’était un gendarme, je veux payer pour le gendarme, c’est terrible. Ce que j’ai fait, on ne peut plus le ravoir, les gendarmes ne m’ont rien fait », a déclaré l’accusé au deuxième jour du procès.
Ruffet, ex-forain de 73 ans, est accusé d’avoir tué en août 2015, avec 2,29 g d’alcool dans le sang, Laurent Pruvot, 44 ans, un gendarme qui était intervenu sur l’aire d’accueil de Roye pour tenter d’immobiliser celui qui venait de tuer trois membres de la communauté des gens du voyage.
Gendarme depuis ses 23 ans, M. Pruvot, deux enfants, a été décrit par ses proches comme une personne « joviale », « très investie dans son travail » et « un peu taquin ». Divorcé, il avait demandé sa nouvelle compagne en mariage 16 jours avant le drame. « C’était mon amour, c’était Laurent », a déclaré cette dernière en larmes à la barre.
« Vous avez dit peu de chose, mais vous avez dit une fois vis-à-vis des gendarmes +j’ai tiré dans le tas+, comme on tire quand on va à la chasse, vous avez tué un homme et vous avez saccagé une enfance, une adolescence, une vie de famille… », a lancé à l’accusé Me Ludovic De Villèle, avocat de la famille de Laurent Pruvot.
Marcel Ruffet, dont le casier judiciaire était vierge au moment des faits, s’est aussi excusé d’avoir tué Lovely, 8 mois, et Mallaurie, 19 ans, qui se trouvaient dans une caravane sur ce camp de tziganes où le mis en cause vivait bien que ne faisant pas partie de cette communauté.
« Je m’excuse, je ne pensais pas que la fille et l’enfant étaient dans la caravane, je pensais que c’étaient les autres charlots », à savoir les trois fils de Michel Baumgaertner, 46 ans, tué également, a affirmé Ruffet, décrit la veille par un expert comme un homme pétri de haine envers les gens du voyage.
« M. Ruffet est arrivé sur l’aire d’accueil parce qu’il a été rejeté de partout, mais il y avait sa place, on n’est pas des racistes. Il restait dans son coin, on ne s’en occupait pas », a expliqué à la barre Rosita Lafont, compagne de Michel Baumgaertner.
« Vous allez me dire que c’est un être humain ça ? Non. C’est de la +merde+ », a-t-elle lâché, en fixant l’accusé qui est resté stoïque.
Mercredi après-midi, des images de la scène du crime prises en hélicoptère ont été projetées. La vue du corps sans vie de Michel Baumgaertner, couvert de sang, a plongé la salle d’audience dans un lourd silence.
Des bandes sonores ont également été diffusées. Sur l’une, on y entend les derniers mots de Mallaurie, provoquant des pleurs dans le public. « Oui la gendarmerie ? Venez vite, quelqu’un m’a tiré de dessus, je suis plein de sang », dit-elle.
Jugé jusqu’au 5 mai pour assassinat et tentative d’assassinat, l’accusé a face à lui une trentaine de parties civiles.
26/04/2017 20:22:50 -miens (AFP) – 2017 AFP