Articles

Le - La tuerie dans un camp de gens du voyage en Picardie devant les assises

Publié 23/04/2017 08:06 | Mise à jour 23/04/2017 08:07

25 août 2015, 16H00: ce forain de 74 ans, en «rage» pour d’obscures raisons, ouvre le feu sur une famille dans un camp de gens du voyage de Roye (Somme) où il résidait. Puis, avec 2,29 g d’alcool dans le sang, il tire sur les gendarmes alertés par les coups de feu.

Bilan: quatre morts, Michel Baumgaertner, 46 ans, sa petite-fille Lovely, 8 mois, sa belle-fille Mallaurie, 19 ans, et le gendarme Laurent Pruvot, 44 ans, ainsi que deux blessés graves.

«Tout l’enjeu de l’audience sera de comprendre ce qui a pu amener Ruffet à commettre ces faits. Elle ne sera jamais en proportion de la gravité de ce qu’il a fait, mais il y a forcément une raison», estime Me Guillaume Demarcq, avocat de l’accusé.

Vingt mois après cette tuerie, le mobile de Ruffet, dédouané de toute «anomalie mentale ou psychique» selon les expertises, demeure en effet très flou.

L’enquête révèle bien des tensions avec la communauté des gens du voyage liées à une dispute remontant à juin 2014 entre Baumgaertner et Ruffet, mais les causes sont indéterminées.

Seul un point de discorde concret est soulevé par l’instruction: les branchements à l’eau et à l’électricité.

Ainsi, ce 25 août, c’est lorsqu’il remarque que Baumgaertner a retiré son branchement pour y mettre le sien, que, furieux, il serait remonté dans sa caravane chercher son fusil.

«Ces gens-là» étaient de la «pourriture», de la «racaille», dira Ruffet aux enquêteurs, ajoutant être content d’avoir «crevé» ces «parasites».

– Un ‘solitaire’, un ‘monstre’

«Il est dans la revendication provocatrice, Ruffet a un mépris de la nature humaine. La gamine, il l’a descendue dans son lit papillon, à bout portant!», s’emporte l’avocat de la famille décimée, Jérôme Crépin.

Lors de l’instruction, Ruffet répète qu’il ne «regrette rien» sauf «pour le gendarme», affirmant qu’il ne savait pas qu’il en était un.

«Il était certes très imbibé d’alcool, mais très conscient de ce qu’il faisait. Les gendarmes étaient en uniforme, avec leurs véhicules sérigraphiés, ils ont fait des sommations (…) S’il regrette, pourquoi l’a-t-il tué ?», lance Ludovic De Villele, avocat de la famille de Laurent Pruvot.

Dans l’aire d’accueil communale où vivait depuis plusieurs années une quarantaine de gens du voyages semi-sédentarisés dans des caravanes, l’ambiance était décrite comme «bonne» et Ruffet comme une personne ne posant pas de difficultés.

Huitième d’une fratrie de treize, il a grandi dans une famille de forains en Picardie où il est allé à l’école jusqu’à «12-14 ans». Il a eu quatre enfants, dont l’un décédé dans un accident de voiture en 2008.

Son ex-épouse décrit un homme «autoritaire», ses enfants une personne «alcoolique», «très violente», sa fille parlant même d’un «monstre». Des proches évoquent aussi un homme «solitaire», passionné de chasse et de pêche, qui avait des «coups de sang», mais qui était également «droit» et «courageux».

Cette tuerie avait débouché sur le blocage de l’autoroute A1 par des gens du voyage de Roye, au plus fort des retours de congés fin août 2015. Ils exigeaient la remise en liberté du fils d’une victime ainsi qu’un proche, le temps d’assister aux funérailles. Dix des auteurs du blocage avaient été condamnés en février 2016 à des peines allant de quatre à 18 mois ferme.

Le procès doit s’achever le 5 mai.

Sourcewww.paris-normandie.fr

Tuerie en Picardie: Ruffet « regrette » d’avoir tué un gendarme

AFP

Modifié le – Publié le | AFP

Be Sociable, Share!