La brigade fluviale de la gendarmerie à l’assaut de huit péniches poubelles
Des bidons de solvants et d’huiles, des pots de peinture, des bonbonnes de gaz, mais aussi des néons, des cuvettes de toilettes, du verre, et même une voiture (la liste est loin d’être exhaustive !), le tout entassé sur huit péniches : du côté de l’Île-Jeanty, c’est une véritable décharge flottante qui défigure depuis des années le plan d’eau, propriété du port de Dunkerque.
Suite à une réunion avec ce dernier, la brigade fluviale de la gendarmerie nationale, basée à Douai, a donc décidé d’aller examiner de plus près ces péniches visiblement à l’abandon, qui appartiennent en fait à un ancien marinier ayant également travaillé pour Lesieur.
Missions dans toute la région
Sur l’une d’elles, une pancarte « À vendre » laissant apparaître le numéro de téléphone du propriétaire a permis à l’équipe emmenée par l’adjudant Gabriel Bisiaux d’identifier ce dernier et de le convoquer sur place, vendredi.
« Nous sommes autonomes et pouvons agir de nous-mêmes, comme ici à l’Île-Jeanty, mais nous pouvons également venir en appui des unités de la gendarmerie et de la police pour la recherche de personnes et de biens », souligne l’adjudant Gabriel Bisiaux. Plus globalement, les missions de la brigade fluviale, dont le champ d’intervention s’étend dans toute la région Hauts-de-France, concernent le domaine du judiciaire, la coordination du transport (par exemple le contrôle administratif des péniches) et la protection de l’environnement.
« Ça fait des années qu’elles sont là et on ne m’a jamais rien dit »
En la matière, il ne faut pas être enquêteur pour constater soi-même de très nombreuses anomalies sur les huit péniches amarrées à l’Île-Jeanty. « On a rarement voire jamais vu ça ! », confie même un gendarme.
« Les plongeurs de la brigade nautique de Calais, qui nous accompagnaient pour cette opération, ont également exploré le fond de l’eau (environ 2,50 m, ndlr) et ont remonté divers détritus. Si l’on prend l’exemple des bidons qui contiennent de l’huile, un litre d’huile dans l’eau, c’est une nappe d’un kilomètre », illustre l’adjudant Gabriel Bisiaux.
Pour chaque infraction et délit constaté, il appartiendra au procureur de la République de Dunkerque de décider des poursuites à engager contre le propriétaire. « Ça fait des années qu’elles sont là et on ne m’a jamais rien dit », témoigne ce dernier. Outre l’obligation de ferrailler ou d’évacuer sa flotte, il encourt de 11 € à 1 500 € d’amende pour chacune des infractions constatées. Et visiblement, elles sont nombreuses…
Dirigée par l’adjudant Gabriel Bisiaux, la brigade fluviale de la gendarmerie nationale a été créée le 1er août 2016. Elle est composée de six gendarmes, équipés de matériels très performants (notamment trois embarcations semi-rigides et un sonar pour la recherche de corps et de véhicules).
Comme la préfecture fluviale, la brigade est basée à Douai, qui est l’un des plus grands ports fluviaux de France. Ses missions de surveillance et de contrôle s’effectuent dans la région Hauts-de-France sur un vaste réseau de 800 km de canaux, qui comportent deux points d’entrée importants avec la Belgique : l’un à Deûlémont, l’autre à Fresnes-sur-Escaut.