Alors qu’en métropole, le nombre de policiers n’a augmenté que de 0.7% en 5 ans, avec l’arrivée de nouveaux renforts, la Nouvelle-Calédonie voit le nombre de ces effectifs s’accroitre de 4% d’une année sur l’autre. Annoncés par Bernard Cazeneuve lorsqu’il était ministre de l’intérieur, les « renforts » ont fait le voyage, mais sans emmener dans leur bagage le 1er ministre…
Pour une fois qu’une promesse est belle et bien tenue… Annoncée en novembre dernier alors que les évènements violents autour de Saint-Louis duraient déjà depuis plusieurs semaines, cette promesse-là a été suivie des faits. Apostrophé par les élus calédoniens sur la question de la lutte contre la délinquance, le Gouvernement national avait de façon inédite (et disons-le sous la pression) convié l’ensemble des responsables institutionnels de Nouvelle-Calédonie au ministère de l’intérieur pour répondre à leurs différentes demandes s’agissant du maintien de l’ordre public sur le territoire. Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, et Jean-Jacques Urvoas, ministre de la justice, avaient annoncé des moyens inédits pour la sécurité. Au programme : des moyens humains et matériels supplémentaires pour la police et la gendarmerie et, du côté de la justice, davantage de moyens pour le Camp Est, une réorganisation de l’administration pénitentiaire et de nouvelles consignes au parquet. Les trois ministres, Urvoas, Cazeneuve et Bareigts (ministre des outremers) avaient chacun promis de venir sur le territoire « pour s’assurer de la bonne application de ces mesures ». Cependant, un seul d’entre eux, Jean-Jacques Urvoas, est finalement venu. Ericka Bareigts devait ainsi se rendre en Nouvelle-Calédonie entre le 6 et le 10 décembre dernier, mais selon les informations de la chaine de télévision polynésienne TNTV, les désordres autour de Saint-Louis furent « à l’origine de l’annulation de son voyage à Tahiti et en Nouvelle-Calédonie ». De plus, la ministre des outremers « ne souhaitait pas s’absenter plus de dix jours de Paris ». Bernard Cazeneuve pour sa part devait lui aussi venir sur le caillou « avec les nouveaux renforts de police et de gendarmerie ». Mais devenu depuis la démission de Manuel Valls le nouveau locataire de Matignon aurait depuis d’autres préoccupations. Reste que les 53 effectifs de police et de gendarmerie sont, eux, bien arrivés. Seront-ils jugés plus utiles par la population du territoire que les deux ministres ? A n’en pas douter…
Effectifs de police : l’exception calédonienne ?
Selon le rapport public de la mission sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, en 2016 le territoire comptait 546 agents de police dont 421 policiers, affectés directement à la sécurité publique (95% d’entre eux sont Calédoniens) Les forces de gendarmerie sont, elles, constituées de 458 gendarmes territoriaux et de 300 « mobiles » (31% d’entre eux sont Calédoniens). C’est ainsi que 1304 agents sont chargés d’assurer la sécurité des habitants. Or, avec 53 personnels en plus (originaires de Nouvelle-Calédonie et de Wallis et Futuna mais travaillant depuis de nombreuses années en métropole), les effectifs passent donc à 1357, soit une augmentation d’un peu plus de 4% du total. Une évolution qui semble sans commune mesure avec celle de la métropole, d’où une certaine exception calédonienne. En effet, en fin d’année dernière, le journal la Croix était revenu dans une enquête sur les véritables chiffres des effectifs de police en France. Il s’avère que ceux-ci sont passés de 143.872 en 2012 à 143.982 en 2015… Soit une augmentation de 0.7%. Si, après les attentats qui ont endeuillé la France, François Hollande avait bien décidé de créé 9.000 postes supplémentaires, ceux-ci, du fait du temps nécessaire à leur formation (2 à 3 ans), ne sont en fait tout simplement pas encore en poste. Sur le territoire, cette augmentation assez exceptionnelle des effectifs permettra notamment de créer sur Nouméa une brigade de prévention de la délinquance juvénile. Les mineurs sont en effet responsables de 30% de l’ensemble des actes de délinquance.
Pour rappel, le budget de la police est en Nouvelle-Calédonie de 3.9 milliards de Fcfp. Ceux de la gendarmerie territoriale et de la gendarmerie mobile sont respectivement de 3.46 milliards de Fcfp et de 3.15 milliards de Fcfp. C’est ainsi 10.5 milliards de francs qui sont chaque année déboursés par l’Etat au titre de la seule sécurité publique.