Rémi Fraisse, un jeune opposant au projet de barrage à Sivens, dans le Tarn, a été tué en 2014 par le tir d’une grenade offensive lancée par les gendarmes lors d’une manifestation. L’enquête est sur le point de se conclure par un non-lieu.
Il n’y aura pas de mise en examen dans l’enquête sur la mort de Rémi Fraisse. Alors que l’instruction est terminée, la justice s’apprête à rendre un non-lieu plus de deux ans après la mort du jeune militant écologiste, alors âgé de 21 ans, tué par le tir d’une grenade offense lors d’une manifestation où s’opposaient gendarmes et opposants au projet de barrage sur le site de Sivens, dans le Tarn.
Afin que la procédure ne s’achève pas, la famille de Rémi Fraisse a décidé d’ouvrir plusieurs fronts judiciaires en déposant deux plaintes. La première, déposée à Toulouse, pour le chef d' »homicide involontaire », contre l’ancien préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme. La seconde, déposée à Paris, porte sur des faits de « faux témoignages » contre trois gendarmes, dont l’auteur du tir de la grenade.
« Abominable accident »
En décembre 2014, l’enquête administrative sur la mort de Rémi Fraisse, confiée à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) avait conclu qu’aucune « faute professionnelle » n’avait été commise par les gendarmes dans la nuit du 25 au 26 octobre, estimant que les avertissements nécessaires avaient été effectués avant le tir de la grenade offensive.
En mars 2016, le militaire à l’origine du tir avait été entendu par la justice avant d’être placé sous le statut de témoin assisté. Aucun élément à charge n’étant suffisant pour une mise en examen.
« La conclusion aujourd’hui est la même que lors de son audition: c’est un abominable accident mais un accident », a déclaré Me Jean Tamalet, l’avocat du gendarme.
« Manque de clarté des instructions »
Au début du mois de décembre dernier, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, avait également dédouané le militaire mais avait noté « un manque de clarté des instructions données aux militaires déployés sur la zone, par l’autorité civile et par leur plus haute hiérarchie, ainsi que l’absence de toute autorité civile au moment du drame, malgré le caractère à la fois sensible, dangereux et prévisible de la situation ». C’est sur ce point que la famille de Rémi Fraisse compte insister.
Profitant du délais de trois mois dont le parquet dispose désormais pour rendre son réquisitoire définitif dans cette affaire, puis d’un autre mois accordé aux juges d’instruction toulousains pour prononcer leur ordonnance, le père du militant écologiste souhaite démontrer que l’ancien préfet du Tarn était au courant des tensions sur la zone du barrage mais qu’il a donné des ordres flous.