Plabennec. Le gendarme sauve un forcené : « Je n’ai fait que mon devoir »
En décembre, l’adjudant Sébastien Talarmein sera décoré pour acte de courage et dévouement. En juin, il n’a pas hésité à braver les flammes pour négocier avec un forcené, retranché et armé, à Plabennec.
« Le 12 juin, on sollicite notre intervention à Plabennec, où un forcené est retranché chez lui, armé d’un couteau. Il est dans une chambre, les volets et les vitres sont fermés.
À notre arrivée, à 19 h 50, un périmètre de sécurité a déjà été mis en place par les gendarmes de Lannilis et Plabennec, qui ont essayé de faire entendre raison à l’intéressé. Sans succès. Je suis accompagné de deux collègues de Brest.
De la fumée s’échappe
Dès notre descente du véhicule, nous entendons un gendarme crier. Il nous avertit qu’il y a de la fumée qui s’échappe sous la porte de la chambre. Je demande rapidement à un collègue de s’équiper d’un moyen d’effraction et nous défonçons la porte.En rentrant, on prend un coup de chaud. La fumée est épaisse. Le matelas est en feu et les flammes vont jusqu’au plafond. Le forcené tient un couteau contre son abdomen. Il nous demande de ne pas rentrer et prétend qu’il va mettre fin à ses jours.
« Ma tête commence à tourner »
Des camarades passent tout de même derrière moi pour fracturer un volet et ainsi laisser passer un peu d’air. Ils lancent aussi un seau d’eau sur le lit et me laissent seul avec le forcené.
Je lui fais comprendre que je vais rester là le temps nécessaire et que l’important, à mes yeux, c’est sa santé. À ce moment-là, j’ai absorbé trop de fumée. J’ai la tête qui commence à tourner. Je lui propose donc de poursuivre notre échange dans une autre pièce. Il finit par accepter au bout d’une dizaine de minutes. Le temps passé est dur à estimer, car les minutes paraissent des heures dans ces moments-là.
La négociation est difficile
Je le fais asseoir sur un autre lit. Il a toujours son couteau posé sur l’abdomen. Il me raconte sa vie, je reçois toute sa détresse. Dans ces moments-là, c’est important de montrer à son interlocuteur qu’on s’intéresse à lui. La négociation est difficile. Je sais très bien que si je vais trop loin, je peux provoquer une réaction négative.Je lui explique qu’il serait intéressant de faire rentrer un pompier pour vérifier son état de santé. Mais je précise que la présence de son couteau me dérange. Il accepte de ranger l’arme derrière son dos. C’est là que je le maîtrise. Ça a été plus facile, car il a suffi de répéter des gestes issus de l’entraînement.
Transporté à l’hôpital
Le forcené est alors pris en charge par les pompiers. Moi aussi. Je suis transporté à l’hôpital des armées et je passe trois heures sous assistance respiratoire. Le soir, je suis rentré chez moi et le lendemain, j’étais au travail.Au fond, je n’ai fait que mon devoir. La médaille que je recevrai m’honore, mais je tiens à associer mes collègues. Je n’aurais pas pu faire ça tout seul. C’est l’action d’un groupe qui fait la force de notre institution. »
Vendredi 16 décembre, à 17 h 30, Sébastien Talarmein sera décoré à la préfecture de Quimper.