Le procès des deux membres de l’ETA qui ont failli tuer un gendarme creusois débute ce lundi
Le jour même de leur interpellation en Creuse, la presse espagnole était en mesure de publier le CV complet de ces etarras : Oier Gomez Mielgo dit OGM, né en 1983, était le dernier activiste encore en fuite de la base ETA d’Obidos au Portugal. La femme, Itzia Moreno Martinez, dite Hodei, née en 1981, est soupçonnée d’avoir été mêlée à l’attentat perpétré à Bilbao le 31 décembre 2008 contre le siège de la télévision.
« Les derniers coups de feu de l’ETA »
Pour le journaliste Fernando Iturribarria, les scènes de western que ces deux combattants clandestins ont imposé aux gendarmes du Limousin en avril 2011 ont un caractère historique.
En effet : « ce sont les derniers coups de feu de l’ETA, six mois avant la fin officielle de la lutte armée », rappelle le correspondant d’El Correo espanol à Paris.
Vallière, Meymac, Croze et Felletin : ce sont les quatre communes limousines où, les 9 et 10 avril 2011, les gendarmes de la Creuse et de la Corrèze ont échangé des coups de feu avec deux indépendantistes basques résolus à tuer pour échapper à une interpellation.
Un gendarme de Royère-de-Vassivière grièvement blessé à Vallière
Tout a commencé par un banal contrôle routier, un samedi, en fin d’après-midi, à Vallière : une conductrice et son passager refusent d’obtempérer et sont immédiatement pris en chasse par cette patrouille issue de la brigade de Royère-de-Vassivière. Alors que la poursuite est lancée à cent à l’heure sur les petites routes du Plateau, le passager du véhicule tire sur ses poursuivants.
Une balle traverse le pare-brise de la voiture des gendarmes et touche le maréchal des logis Olivier Bonjean à la clavicule, à quelques centimètres du cœur.
Le plan Épervier est immédiatement déclenché. Une demi-heure a près ces premiers coups de feu, la voiture des fugitifs tombe sur un barrage routier à Meymac.
Nouvelle prise en chasse et échange de coups de feu avec les gendarmes corréziens. Cette fois-ci, les militaires répliquent et touchent la voiture des suspects, mais ils décident de stopper la fusillade pour ne pas mettre la vie de civils en danger. L’homme et la femme abandonnent alors leur véhicule et s’évaporent dans la nature.
Le soir même, les autorités ont déjà la conviction que ce duo déterminé appartient à l’ETA. Au cours de la précédente décennie, les clandestins basques se sont régulièrement appuyés sur des bases arrières limousines.
De drôles de randonneurs à Croze
Le lendemain matin, une dame âgée résidant à Croze, à environ 30 kilomètres au nord de Meymac, voit surgir des bois ce qu’elle pense d’abord être un couple de randonneurs. Cette Creusoise a la présence d’esprit de donner l’alerte.
Les fuyards ont traversé les forêts du plateau de Millevaches à pied durant la nuit. Les gendarmes les rattrapent sur la route de Felletin. Un militaire creusois effectue un tir de sommation et met en joue l’homme, qui se rend. La femme tente sa chance par les chemins mais est arrêtée et désarmée par les gendarmes aux abords de Felletin.
Devant la cours d’assise spéciale,
ils encourront la réclusion criminelle à perpétuité
L’instruction de ce dossier a été bouclée en 2015 par la juge antiterroriste Laurence Le Vert. Depuis cinq ans, OIer Gomez Mielgo attend le procès à la prison de Meaux. Itzia Moreno Martinez est incarcérée à Fleury-Merogis.
La cour d’assises spécialement constituée pour juger les actes en lien avec le terrorisme ne chôme pas ce temps-ci, mais elle va prendre dix jours, à partir de ce lundi, pour juger les deux etarras. Présidée par Mme Audax et composée uniquement de magistrats professionnels, cette cour d’assisses devra analyser, pour chacun des accusés, pas moins de quinze infractions commises en relation avec une entreprise terroriste, dont la tentative de meurtre. Pour ces faits, Itzia Moreno Martinez et Oier Gomez Mielgo encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Les quatre gendarmes qui ont essuyé leurs tirs seront sur le banc de s parties civiles : Michel Choulot, Jean-Philippe Hamba, Alexandra Kafanke et Olivier Bonjean.
Julien Rapegno