Vous êtes en garde à vue, LCP : Didier Petithuguenin “Mon père de 77 ans est mort pendant sa garde à vue” [Photos]
Alors qu’il est placé en garde à vue pour une affaire d’empoisonnement de daims, Joseph Petithuguenin décède d’un arrêt cardiaque. Son fils témoigne dans “Vous êtes en garde à vue”, le lundi 8 août, à 20 h 30, sur LCP.
Il suspectait le père de Joseph Petithugueunin d’avoir tué ses daims.
Télé Star : Votre père, Joseph , est décédé le 22 juin 2010 dans une cellule de la gendarmerie d’Amancey (Doubs). Il avait 77 ans. Il y était entré quelques heures plus tôt, pour répondre à une simple convocation…
Didier Petithuguenin : On voulait l’entendre pour une affaire d’empoisonnement d’animaux . Un éleveur voisin avait porté plainte après la mort de certains de ses daims. Il suspectait mon père parce qu’il trouvait étrange qu’il gare souvent sa voiture près du parc à daims alors qu’il habitait 700 m plus bas. En fait, il le faisait pour se forcer à marcher avec maman, une habitude qu’ils avaient prise depuis la retraite.
À 10 heures, quand il arrive à la gendarmerie, que se passe-t-il ?
On le place immédiatement en garde à vue . On lui demande s’il veut un avocat, il répond « non ». Un médecin ? Il répond « oui ». Il est sous traitement quotidien pour sa tension. Le gendarme appelle un médecin qui lui dit qu’il ne pourra se déplacer qu’en début d’après-midi. On ne lui dit pas qu’il s’agit d’un homme de 77 ans. Mon père subit alors une fouille à nu et un premier interrogatoire.
Les gendarmes l’ont ensuite emmené pour une perquisition…
Ils ont fouillé sa maison. Ma mère était là, ils lui ont demandé de préparer un sandwich, car la garde à vue allait se poursuivre. À 12 h 15, ils étaient de retour à la gendarmerie. Mon père était un peu fatigué de tout ça, le ton est monté… À 12 h 45, ils ont décidé de le mettre en « cellule de repos », pour le calmer, et de partir déjeuner.
Quand jugez-vous la situation inquiétante ?
Vers 14 heures, j’ai décidé d’aller faire un tour à la gendarmerie. En arrivant, j’ai vu le Samu. Un pompier m’a dit qu’ils avaient été appelés pour un problème avec un homme de 77 ans. J’ai couru, tapé à la porte, mais personne ne pouvait entrer. C’est le médecin du Samu qui a fini par venir me parler : « Votre papa a fait un malaise, on n’a pas pu le ranimer, il est décédé. » Les gendarmes étaient rentrés de leur pause déjeuner vers 13 h 30. Ils l’avaient retrouvé par terre, inanimé. Il est mort d’un arrêt cardiaque provoqué par le stress. (Silence.)
Les deux gendarmes ont été poursuivis puis relaxés …
On était une famille heureuse, ils ont tout détruit. Mon père a été blanchi dans cette histoire d’empoisonnement. De sa vie, il n’avait jamais eu ne serait-ce qu’une contravention. Aujourd’hui, ma mère est seule, elle ne peut pas passer à autre chose.
Et vous ?
Moi… Dès que je vois un gendarme, j’ai peur. Mais qu’ils ne s’avisent pas de venir me reprocher de rouler à 5 km au-dessus des limitations. Je ne suis pas sûr de garder mon calme.