Deux cents jours en immersion chez les bleus
PHOTOS. David Cesbron a sillonné la France des mois durant avec les gendarmes. Il en a tiré une sélection de 216 images réunies dans un livre. Rencontre.
PROPOS RECUEILLIS PAR MONIQUE CLÉMENS
David Cesbron est photographe au conseil régional de Franche-Comté depuis 2006. Son gagne-pain. Mais, pendant les week-ends et ses congés, il mène des projets plus personnels. Après un livre sur Cholet, son pays d’origine, puis une galerie de portraits des fonctionnaires qui l’entourent, avec l’exposition Rendu public montrée fin 2014 à Besançon, il a voulu donner à voir, de l’intérieur, la France des gendarmes. De Besançon à l’Élysée, du peloton de gendarmerie de haute montagne de Chamonix à l’école des officiers de la rue de Babylone, il les a suivis dans leurs cuisines, leurs familles, leurs brigades et leurs casernes, leurs véhicules et hélicoptères. Le capitaine Didier Guériaud signe les textes de l’ouvrage Des vies en bleu, qui paraît ce 9 juin aux éditions du Cherche-Midi.
Le Point.fr : Comment ce projet est-il né ?
Se faire accepter des hommes en bleu, est-ce facile ?
J’ai été tenace. Fin 2011, j’avais reçu une réponse du chef du Sirpag (le service d’information et de relations publiques de la gendarmerie) me disant que la gendarmerie pourrait éventuellement m’ouvrir ses portes. Didier Guériaud m’a bien aidé et j’ai pu travailler relativement facilement malgré quelques réticences « épidermiques ». Je suis l’un des rares civils à avoir passé plus de deux cents jours chez les gendarmes.
Qu’avez-vous appris auprès des gendarmes ?
Quels ont été les moments forts de ce long travail, les moments marquants ?
Au peloton de gendarmerie de haute montagne à Chamonix, où j’étais en août 2013, il y a eu pas mal d’accidents et de décès. Dans le livre, il y a une photo qui montre un gendarme, un bol entre les mains, la mine défaite. Il rentre de mission, il n’a pas pu sauver les victimes. J’ai vu aussi beaucoup de cas sociaux, des enfants tout petits, par terre, dans des maisons où le ménage n’a pas été fait depuis des mois ou même des années.
Quelle est votre photo préférée ?
Celle de la couverture. Je l’ai en tête depuis près de deux ans. Même si elle n’est pas très originale, elle est touchante. D’ailleurs, elle a fait pleurer plusieurs personnes. Pour mes prises de vue, je n’ai jamais fait la moindre mise en scène. Et j’ai parfois eu de la chance…
Des vies en bleu de David Cesbron et Didier Guériaud, éditions du Cherche-Midi, collection « Beaux livres », 162 p., 32 euros.