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Le - Boulonnais : les gendarmes ouvrent les placards de leur « groupe stups »

Boulonnais : les gendarmes ouvrent les placards de leur « groupe stups »

PUBLIÉ LE 30/05/2016

PAR CYRIL MASUREL

Dans le cadre de notre dossier sur les stupéfiants, la compagnie de Boulogne – Calais a ouvert les placards de son « groupe stups », en réalité les gendarmes de la « brigade de recherches ». Récit des militaires, avec des enquêtes en continu et une chasse aux trafics incessante.

 Les gendarmes conservent de nombreux produits ou matériels sous scellés

« Le zéro drogue n’existe pas. » Le constat d’un enquêteur* de la gendarmerie est fataliste mais lucide. « Le principe du stupéfiant est l’addiction. Les personnes que nous poursuivons sont essentiellement des récidivistes, des gens que nous avons l’habitude de croiser plusieurs fois dans leur parcours », constatent les militaires de la brigade de recherches (BR) de la compagnie de Boulogne – Calais. Leur quotidien est rythmé par les filatures, les planques, les auditions de témoins et de suspects, les recoupements d’informations. Si les consommations de drogues sont plus courantes dans les villes, certaines zones rurales gérées par les gendarmes sont également touchées. Dans le Boulonnais, plusieurs foyers sont identifiés de Desvres à Marquise.

nombreux déplacements

« Dans ces secteurs, nous observons essentiellement des trafics d’héroïne. Avec des petits dealers qui vont acheter leur marchandise en Belgique ou près de Lille. Ils sont eux-mêmes des consommateurs réguliers, qui revendent un peu de leur marchandise pour arrondir les fins de mois. On n’est pas sur des gros trafiquants qui se construisent des villas avec piscine grâce à leur commerce. »

Les trajets vers la Belgique ou la région lilloise se font le plus souvent en voiture. Les dealers rapportent de faibles quantités d’héroïne (de 20 à 200 g en moyenne ; une moitié pour leur propre consommation d’une semaine, une autre destinée à la revente). Des petites quantités donc, mais de nombreux voyages. « Jusqu’à trois ou quatre par semaine », notent les gendarmes de la BR.

Pourquoi répéter ces déplacements, en multipliant les risques de se faire repérer ? Parce qu’en cas d’interpellation, les suspects peuvent se défendre d’être des trafiquants d’héroïne, en assurant que la drogue saisie représente uniquement leur consommation personnelle. Les sanctions judiciaires sont forcément moins importantes.

Les dealers, prudents dans leurs agissements car ils se savent surveillés, usent aussi de nombreux subterfuges pour dissimuler leur marchandise : dans des aliments, des sacs, des vêtements, des éléments de leur voiture… Le trafic de drogue dans le Boulonnais, même à petite échelle, est un commerce bien organisé.

* L’anonymat des gendarmes est préservé.

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