Hérault : trafic de cannabis dans le camion pizza à côté d’une gendarmerie
« Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans le trafic de stupéfiants ? », lâche le président Tastevin à l’un des six prévenus, l’un des trois ayant passé la nuit de jeudi à vendredi en détention provisoire. « Parce que ma femme n’a pas de salaire. Avec le mien, c’est trop juste. Le loyer, les crédits… », explique ce carrossier de 25 ans dont la compagne comparaît libre.
« Gros consommateur d’herbe
Une petite entreprise qui prospérait depuis au moins le mois de janvier 2015 entre Juvignac, Pignan et Saint-Georges-d’Orques jusqu’à ce coup d’arrêt par les gendarmes, au terme de plus de huit mois d’enquête. C’est là, à quelques tours de roues de la brigade de gendarmerie locale, que le principal protagoniste, un trentenaire père de famille, avait installé son camion de pizza par lequel passaient parfois certains de ses clients.
C’est aussi dans ce camion que travaillait l’un des prévenus de manière dissimulée. Son salaire ne se calculait qu’en grammes de cannabis mais cela ne semble pas chagriner l’intéressé. Lequel concède : « Je suis un gros consommateur d’herbe depuis l’âge de 16 ans. » Chez lui, les gendarmes, outre quelque 110 g, ont mis au jour une serre de culture.
« C’est osé quand même ! »
« Je n’ai jamais tiré beaucoup de profits des stupéfiants. Comme je suis un gros consommateur, je me suis souvent endetté », résume un autre, lui aussi passé par la case “prison” le temps d’une nuit. Chez lui ? Deux balances, 2 760 € en numéraire et plusieurs centaines de grammes de drogues ont été découverts.
« C’est osé quand même ! », lâche le magistrat à l’endroit du pizzaïolo à propos de la situation géographique de son outil de travail qui avait une petite vingtaine de clients réguliers plus portés sur l’herboristerie que les pepperoni. L’intéressé concède « 500 € de bénéfice » réalisé à chaque fois sur la drogue achetée à un grossiste dont une partie servait à sa propre consommation et qui, lui aussi, avait installé une tente de culture dans la maison qu’il occupe avec femme et enfant.
« Je lui ai dit plusieurs fois d’arrêter »
Aide-soignante au CHU, celle-ci raconte, même si elle précise ne pas fumer, avoir participé au trafic notamment, lorsqu’après avoir pesé et conditionné de petites quantités de produit, elle les portait jusqu’au camion où attendaient des clients. « Je lui ai dit plusieurs fois d’arrêter. On a eu des différends, failli se séparer à plusieurs reprises… » Aux yeux du ministère public, c’est bien son homme « qui est au centre du trafic. Mais ils sont tous coupables. Et cette délinquance procède d’un choix. »
De quoi requérir six mois, assortis d’un sursis et d’une mise à l’épreuve contre les deux compagnes et le salarié non déclaré. Puis deux et trois ans dont dix-huit mois assortis d’un sursis et d’une mise à l’épreuve pour deux des détenus. Et, enfin, quatre ans dont deux ferme contre le jeune auto-entrepreneur. Ces trois dernières peines étant également toutes assorties d’un maintien en détention.