Dans la Gineste, la vitesse est tantôt limitée à 70 km/h et à 90 km/h. Les morts s’ajoutent aux imprudences. PHOTO C. S.
Les gendarmes ont le sens de l’humour. Tous les dix à quinze jours, ils déplacent, non sans malice, le radar vitesse installé entre Marseille et Cassis, dans le col de la Gineste. Un coup dans la descente de Cassis, un coup sur le faux plat du camp militaire de Carpiagne, un coup au sommet du col côté Marseille. Limitant tantôt la vitesse à 70 km/h et tantôt à 90 km/h. Ainsi ont-ils inventé, sans le savoir, tel M. Jourdain faisant de la prose, ce qu’on appellera le radar nomade.
Sans doute – et c’est fort louable – afin de faire baisser le nombre de morts sur les routes du département, et notamment dans la Gineste, cette route qui serpente et s’endeuille chaque année de nouvelles morts. Il suffit d’observer, un à un, les bouquets de fleurs déposés ici, de lire les petites nécrologies posées à flanc de colline là, pour tristement s’en convaincre. Sûrement aussi pour ne pas habituer les automobilistes à des réflexes conditionnés et contrarier l’assoupissement du conducteur trop habitué à une route toute faite, parce que quotidiennement empruntée. À moins que, tels de grands enfants, les gendarmes n’aient pas achevé leurs rêves d’innocence et ne préfèrent continuer, la maturité et l’uniforme aidant, à jouer à cache-cache avec leur prochain ?
On pourrait même leur suggérer à l’avenir d’organiser des concours de radars, celui qui flashe le mieux et le plus, un radar en flashant même un autre, au cas où l’un d’eux serait tenté de prendre nuitamment la tangente, en quête de grands espaces bucoliques, loin des véhicules et de leur vrombissement tellement ordinaire.
D.T.
