Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi deu gendarmes à des peines de 6 et 8 mois de prison avec sursis pour avoir harcelé une jeune collègue. L’un d’eux a également interdiction définitive d’exercer.
Ces deux gendarmes ont fait vivre un calvaire à leur jeune collègue. Mardi, le tribunal correctionnel de Paris a condamné un adjudant et un maréchal des logis-chef âgés de 36 et 37 ans pour harcèlement sexuel. Les deux militaires avaient pris l’habitude de faire des propositions graveleuses à une jeune recrue de 24 ans.
Pour ce qui concerne les peines, le tribunal n’a pas suivi le parquet, qui avait demandé un an avec sursis, sans faire la différence entre les deux hommes. L’avocate de la victime, la jeune Marie (son prénom a été modifié, ndlr), s’est malgré tout dite « très satisfaite » mardi. « Aujourd’hui dans la ‘Grande muette’ le silence c’est terminé, la parole est libérée », a dit Me Élodie Maumont, lançant: « Quel combat, quel combat long et douloureux. »
Gestes obscènes et propositions graveleuses
A l’audience, Marie avait accablé ces deux gradés de la brigade de Joigny, sur les bords de l’Yonne, où elle a travaillé d’octobre 2012 à novembre 2013. « Ça te dit un plan à trois? » dans une voiture de patrouille aux sièges tachés de sperme; « Fais-moi une pipe »; « Les Réunionnaises, elles sont chaudes, montre-moi ce que tu sais faire ».
Sans compter des « gémissements » sur son passage, ou un geste obscène mimé avec une matraque… « C’était normal, c’était habituel », avait-elle dit. Elle travaille désormais en région parisienne. Jacques Bessy, président de l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil), partie civile, a lui parlé de peines « exemplaires », et d’un « message très clair aux harceleurs qui servent dans l’armée. »
Tous deux se sont étonnés du fait qu’aucune interdiction d’exercer n’ait été prononcée contre le plus gradé des gendarmes, mais rappelé que la procédure disciplinaire interne n’était pas terminée. L’avocate de Ludovic F., Me Véronique Costamagna, a estimé qu’il y avait dans la gendarmerie un « apprentissage (à faire) des deux côtés », hommes et femmes, ces dernières devant selon elle « s’abstenir de faire référence à leur féminité » au travail.
« On a essayé de minimiser les faits »
En février dernier, avant l’ouverture de leur procès, l’avocate de la victime avait raconté sur RMC le parcours difficile rencontré par la jeune gendarme. Après des mois de harcèlement, elle avait fini par trouver la force de porter plainte en novembre 2013.
« Au début, on a essayé de minimiser les faits. Lorsqu’elle a été entendue dans le cadre de l’enquête disciplinaire de la gendarmerie, on lui a clairement fait comprendre que ce qu’elle avait vécu n’était pas très grave. Il lui a dit que son nom était en rouge au sein de la gendarmerie nationale et qu’elle n’aurait pas satisfaction dans ses demandes de mutation », avait-elle rapporté.
Depuis que l’affaire a été rendue publique, la gendarmerie a créé une cellule de signalement pour ces faits de harcèlement. En 2015, 75 dossiers ont été ouverts.