Trois ans pour l’évadé qui avait foncé sur les gendarmes
Justice – Valence-d’agen
Évadé de la prison de Seysses, un Agenais de 46 ans qui avait forcé deux barrages de gendarmerie à Valence-d’Agen, cet été, et essuyé un tir en légitime défense d’un militaire, a écopé de trois ans ferme avec mandat de dépôt.
Petit et sec, Yves Mazard qui avait été extrait de sa cellule, n’était guère ému, hier, de sa comparution devant le tribunal correctionnel. Avec déjà vingt-six condamnations à son casier judiciaire depuis sa première affaire en 1992, il faut dire que l’accusé connaît bien les rouages judiciaires, la détention et les évasions. Un sérieux client qui avait pris des risques maximums le 24 juillet dernier pour échapper à son interpellation. «Vous étiez évadé depuis le 9 mai de la prison de Seysses lorsqu’au volant d’un Nissan Qashqai volé avec de fausses plaques, vous avez forcé à Valence-d’Agen deux barrages de gendarmerie, rappelait la présidente Nicole Bergougnan. Vous avez pris tous les risques pour ne pas être interpellé, dont celui de mettre en danger la vie des gendarmes qui s’interposaient face à vous».
Deux de ces militaires parmi lesquels le lieutenant Patrick Lapeyronnie, patron de la communauté de brigades (COB) de Valence-d’Agen qui avait été contraint en état de légitime défense de faire feu sur le véhicule qui lui fonçait dessus, étaient présents à l’audience. Accompagnés de leur colonel, Christophe Daniel, les deux gendarmes se constituaient parties civiles et réclamaient 600 euros de dommages et intérêts. «Nous savions qui était au volant du véhicule, mon second de repos ce jour-là m’avait joint pour m’informer que le véhicule arrivait en direction de Lauzerte», témoignait le lieutenant Lapeyronnie. Et de poursuivre : «Il a largement eu le temps de m’identifier lorsque j’ai fait la sommation d’usage et que j’ai dû tirer.» Une balle qui allait se loger dans le radiateur du véhicule et qui n’empêchait par Yves Mazard de poursuivre sa cavale en Lot-et-Garonne avec à ses côtés sa compagne et un enfant de quatre ans à l’arrière du véhicule. Revenant juste avant le tir, la magistrate insistait également sur l’intentionnalité du prévenu de foncer sur le gendarme Lapeyronnie. «D’autant qu’il a tombé un rapport avant d’arriver vers vous pour avoir plus de puissance et accélérer», insistait la magistrate alors que l’accusé dodelinait par la négative de la tête. «Je n’ai pas voulu l’écraser, tout cela est faux, j’ai voulu au contraire rétrograder», assurait Y. Mazard qui avait bien du mal à expliquer pourquoi il avait baissé la tête avant que le coup de feu ne soit tiré.
Un sang-froid à toutes épreuves
«Si j’en crois l’accusé tout a été monté de toutes pièces, les gendarmes n’avaient rien d’autres à faire, tonnait la procureure de la République, Alix Cabot-Chaumeton qui revenait sur le sang-froid d’Yves Mazard. Votre but, c’est d’échapper coûte que coûte à l’arrestation, vous êtes prêt à tout pour cela. Votre compagne à bord l’a confirmé dans son audition, si le lieutenant ne s’était pas écarté, vous l’auriez fauché pour passer…» De son côté, l’avocate du prévenu, Me Isabelle Gillet tentait de tordre le bien noir profil de son client. «Je ne crois pas qu’il a foncé délibérément sur ce gendarme, il n’avait pas d’intention de lui nuire», plaidait-elle. Une demi-heure plus tard, l’énoncé du verdict à trois ans ferme, ne laissait pas insensible Yves Mazard. Très énervé par la sentence, il se retournait face aux deux gendarmes, les applaudissait lourdement et les interpellait : «Trois ans ! Et ça demande 600 balles et ça se prend pour des caïds !»