Gendarmes contre paysans lors des violences de 2014 : les mêmes peines requises
Justice – Violences d’octobre 2014 à Sainte-Livrade
Le 13 avril, les sept militants ou adhérents de la Coordination rurale seront condamnés, ou pas, en appel, dix-huit mois après les violences à Casseneuil et à Sainte-Livrade le 10 octobre 2014.
Le 10octobre 2014, des violences ont été commises contre 12 (13) gendarmes de la compagnie de Villeneuve-sur-Lot. Maximum des ITT constatées par le corps médical, 28 jours pour l’un des gendarmes victimes. En face, 80 manifestants issus des rangs de la Coordination rurale Lot-et-Garonne.
En un an, ils ont changé d’avocat, Me Dejean, du barreau de Toulouse, les représentant hier. En un an, ils ont aussi changé d’angle de vue et de défense, se sont appuyés sur des témoins et sur leur version des faits pour tenter de démontrer que les gendarmes n’étaient pas ce jour-là si blancs que ça, selon eux.
Témoignage hasardeux
Dans la liste des témoins appelés à la barre, le chef d’entreprise Philippe Dus dont les propos valaient hier leur poids en parpaings. Sûr de son fait, l’entrepreneur du BTP a dit ne pas connaître le président de la Coordination rurale Patrick Franken, alors que ce dernier l’a appelé sur son téléphone mobile en début d’après-midi le vendredi 10 octobre, jour des faits. Pourquoi avoir décidé de l’abattage des deux cèdres ? s’interroge à voix haute Denis Chausserie-Laprée. «C’est une mauvaise interprétation entre un de mes salariés et moi. Je lui avais dit d’attendre».
Le procureur général a requis les mêmes peines pour cinq des sept prévenus, diminuant d’un mois deux des condamnations de première instance. Ce magistrat estimait que «ce n’est pas acceptable qu’au nom de la détermination, la décision ait été prise de passer coûte que coûte et de commettre des violences». Avant la double échauffourée dans l’enceinte du lycée agricole de Sainte-Livrade, gendarmes et manifestants ont eu un premier face-à-face à Casseneuil, à moins de 10 km des cèdres à abattre. Un gendarme s’est retrouvé sur le capot de la Golf de Patrick Franken. «Il roulait doucement mais les yeux dans les yeux, il m’a fait comprendre qu’il n’avait pas l’intention de s’arrêter», témoigne le gendarme.
Un autre raconte encore qu’il a vu un agriculteur jeter au sol son commandant de compagnie. Le manifestant nie. L’avocat Me Dejean cherche à minimiser : «Depuis trois jours, les écologistes empêchaient l’abattage des cèdres et donc la poursuite des travaux». Rien n’est grave à ses yeux. «C’était la troisième mi-temps». Un des agriculteurs le dit autrement. «Nous, on ne porte pas plainte pour une égratignure».
«Pas un match»
Peu convaincu par les arguments de la défense, le procureur général Chausserie-Laprée n’a pas tapé pas en touche. «Ce n’était pas un match de rugby, dont on peut lire le compte rendu le lundi matin dans Midi Olympique ou La Dépêche du Midi. Il n’y avait aucune volonté sportive, il y avait une volonté d’en découdre». Et le magistrat d’affirmer que c’était «bien une manifestation». Patrick Franken soutient le contraire. «On est venu pour couper les arbres. Ils étaient gros, il fallait du monde». 80 manifestants environ.
Écueil de taille : le dimanche 5 octobre, Patrick Franken, président de la Coordination rurale depuis trois ans, avait été informé par le préfet qu’il devait déclarer, comme la loi l’y contraint, les rassemblements qu’il entendait organiser. Cette missive valait pour le 6 octobre, date du blocage d’Agen par cette même Coordination rurale. Valait-elle aussi pour le rassemblement du vendredi suivant à 25 km d’une ville préfecture qui redoutait un deuxième coup de force ?