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Facebook, nouvelle arme des gendarmes contre la vitesse

Stéphanie Forestier | | MAJ :

Illustration. Le groupement de gendarmerie de l’Oise utilise sa page Facebook pour prévenir les automobilistes de leur présence le jour même sur certains axes routiers ! L’objectif est de faire ralentir les usagers en s’appuyant sur la peur du gendarme.

Illustration. Le groupement de gendarmerie de l’Oise utilise sa page Facebook pour prévenir les automobilistes de leur présence le jour même sur certains axes routiers ! L’objectif est de faire ralentir les usagers en s’appuyant sur la peur du gendarme. (DR.)

Alors que l’hécatombe se poursuit sur les routes de l’Oise avec une huitième victime ce vendredi matin près de Noyon, tous les moyens sont bons pour la gendarmerie afin d’endiguer cette hausse des accidents mortels. Même les plus insolites. Les militaires du département ont ainsi lancé, il y a trois mois, une page Facebook qui dépasse déjà les 3 200 abonnés.

Leur stratégie : utiliser la psychologie inversée pour faire ralentir les automobilistes en prévenant de leur présence.

« Aujourd’hui, vendredi 29 janvier 2016, la gendarmerie de l’Oise informe les automobilistes que des contrôles de vitesse vont être effectués, notamment sur les axes suivants : D 200, N 2, D 1001, D 1324 et D 1330 », peut-on par exemple lire sur le compte Facebook. « Mon rêve serait de ne relever aucune infraction à la vitesse car, contrairement à la croyance populaire, nous ne sommes pas payés au nombre de verbalisations. Notre objectif n’est pas de piéger les gens, souligne le colonel Marc Boget, à la tête du groupement de gendarmerie de l’Oise. J’espère que cela va conduire les gens à lever le pied, à se dire que ce serait dommage de se faire attraper alors qu’ils étaient prévenus. »

Ce que dit la loiSelon l’article 413-15 du Code de la route, le fait d’utiliser un appareil, dispositif ou produit destiné à déceler ou perturber un instrument servant à la constatation des infractions routières est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe. Toute personne coupable encourt la peine complémentaire de suspension, pour une durée de trois ans au plus, du permis de conduire. Une loi cependant soumise à diverses interprétations. En décembre 2014, un groupe Facebook avait été condamné à un mois de suspension de permis pour avoir créé et animer une page Internet recensant les radars. Le téléphone portable permettant d’aller sur Facebook avait alors été considéré comme un « dispositif ». Mais en décembre 2015, le jugement a été invalidé en appel, relaxant ainsi les 13 individus. Selon leur avocat, l’utilisation d’une telle page ne pouvait être considérée comme un « dispositif » réprimé par la loi. Rappelons que l’utilisation des détecteurs de radars est passible de 1 500 € d’amende et d’un retrait de six points de permis.

Si les gendarmes précisent le jour de leur présence et certains axes routiers, ils restent volontairement vagues sur quelques détails. « Nous ne mentionnons pas les heures. Par ailleurs, ce n’est qu’une petite partie des contrôles de vitesse que nous réalisons. Nous mettons en place des dispositifs visibles mais d’autres ne le sont pas. Il y a au quotidien des gendarmes en civil dans des voitures ou sur des motos banalisées », reprend le patron des gendarmes.

Ainsi, le groupement de gendarmerie espère que Facebook contribuera à ne pas compter, comme en 2015, 67 morts sur les routes de l’Oise. Mais pour cela, l’assiduité est obligatoire. « Nous alimentons quotidiennement la page avec des posts. Deux personnels de la cellule renseignement y consacrent du temps car c’est en publiant régulièrement qu’on garde nos abonnés », précise Marc Boget, qui se montre toutefois réfractaire aux initiatives personnelles identiques, comme la page Nationale 2 infos. « Si vous voyez ces messages, les cambrioleurs aussi… »

Plus de 24 000 abonnés à la page Nationale 2 infos

La page signale la présence de radars uniquement dans les zones jugées non accidentogènes. (Capture d’écran Facebook.)Sur Facebook, une page consacrée à la Nationale 2 — un axe routier qui relie Paris à la Belgique — a été ouverte il y a trois ans. « Au départ, j’ai décidé de créer cette page pour préciser l’état de la route. A l’époque, il neigeait et avec une amie on s’indiquait si la N 2 était dégagée pour se rendre à Roissy », rappelle son administrateur.

Au fil du temps, la page a indiqué les ralentissements, les accidents, puis les radars. « Je signale leur présence uniquement dans les zones non accidentogènes, comme au pont de Lévignen ou dans la côte de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), précise le créateur. Tout ce qui est contrôle d’alcoolémie ou autre, je ne publie aucun statut. » Malgré ce filtre, la page comptabilise plus de 24 000 membres.

Lorsque douze membres d’un groupe Facebook, qui donnaient la localisation de radars en Aveyron, ont été condamnés fin 2014 pour soustraction à la constatation des infractions routières, la page Nationale 2 infos a cessé tous signalements similaires pour éviter les ennuis. « Ils ont gagné en appel, alors j’ai repris les signalements », poursuit l’administrateur de la page.

Nationale 2 infos relaie aussi les posts de la gendarmerie et de la préfecture de l’Oise, les articles de presse, etc. L’occasion pour les internautes d’exprimer leur point de vue sur l’utilité de la présence routière des militaires.

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