Lourdement condamnés pour avoir foncé sur des gendarmes
Justice
«Une délinquance forcenée que rien ne parvient à arrêter». Le procureur Grellet ne cache pas son inquiétude face au comportement de Luis Rivière et Michel Rey, 37 et 24 ans. Tous deux ont été jugés hier par le tribunal correctionnel de Toulouse pour des cambriolages commis en février 2015 ainsi que pour des violences à l’encontre de gendarmes le 10 février 2015 à Fonbeauzard. Plus tôt dans la journée, Luis Rivière a également été jugé dans deux autres dossiers de cambriolages datant de 2013 et fin 2014.
Le 10 février, les gendarmes sont avisés que des cambriolages sont perpétrés à Pechbonnieu. Rapidement, les forces de l’ordre prennent en filature le véhicule dans lequel se trouvent 2 cambrioleurs. Lors d’un arrêt à une station-service, les gendarmes décident de procéder à l’interpellation des deux individus, Michel Rey au volant et Luis Rivière côté passager. Quatre militaires se portent à hauteur de la voiture. Comprenant que les deux malfrats n’ont pas l’intention pas se laisser arrêter, l’un des gendarmes ouvre la porte côté passager pour atteindre les clés. «J’ai effleuré les clés mais le conducteur a accéléré et j’ai été projeté puis traîné sur quelques mètres», explique le gendarme à la barre. «J’ai entendu un gros boum !» Ce gros boum, c’est le bruit d’un autre militaire violemment percuté dans la fuite des deux individus. «J’ai vu le véhicule me foncer dessus», relate le second gendarme, dont le pronostic vital est engagé à la suite du choc. «Moi, je voulais juste prendre la fuite. Le second gendarme a déboulé d’un coup. On ne l’a pas vu venir», se défend Michel Rey dans le box. La thèse ne convainc pas les avocats des parties civiles, Me Bedry et Me Blanchard. «Ils lui ont délibérément foncé dessus». Les avocats relatent les séquelles de leurs clients, des hommes de terrain, contraints à travailler au bureau. «Ce ne sont plus, physiquement et mentalement, les excellents professionnels qu’ils étaient». Pour le procureur Grellet, cela ne fait aucun doute, les deux prévenus sont coresponsables. «Ils ont agi de concert dans ces violences». Huit ans de prison sont requis contre Michel Rey, condamné 6 fois par le passé. Dix ans de prison contre Luis Rivière au casier judiciaire plus chargé (14 condamnations). Me Legros-Gimbert, avocat de Michel Rivière, ne partage pas le point de vue du procureur. «Où est sa part de responsabilité dans le choc à l’encontre du second gendarme ?» Les avocats de Michel Rey, Me Alfort et Me Baudras, s’interrogent : «A-t-il volontairement percuté le gendarme ?» Un «doute sérieux» existe pour la défense. Le tribunal n’a pas suivi l’argumentation des avocats et a condamné les deux prévenus à 6 ans de prison. Michel Rivière a écopé d’une peine totale de 12 ans de prison pour les trois affaires pour lesquelles il était jugé.