Retonfey : il prend la fuite, avec les gendarmes coincés à la portière
Un véhicule accidenté laissé sur place dans les parages de Retonfey, l’obscurité pour alliée, dans l’esprit de Rémy, 21 ans, qui passe par là le 14 décembre avec un copain pour passager, toutes les conditions sont réunies pour zoner tranquillement autour de l’épave et de prélever quelques pièces détachées. Ça tombe à pic pour lui qui cherche une batterie.
Le duo est très occupé quand une patrouille de gendarmes de la communauté de brigades de Vigy passe à leur hauteur et les voit jouer aux mécanos. Un rien gênés pour expliquer leur présence, les deux gaillards sont alpagués et conduits dans le véhicule de gendarmerie. Rémy n’a pas envie de rester sur la banquette arrière et, le temps d’un appel radio, quitte sa place pour filer dans sa voiture et s’y asseoir.
Un moment de « panique »
Les enquêteurs le rattrapent. L’un se penche vers le poste de conduite, pose sa main sur celle du conducteur pour lui interdire l’accès au contact, mais il a déjà démarré, et l’autre tente de faire sortir le prévenu de son habitacle. Pas de chance, le jeune homme a enclenché la première et roule, embarquant les gendarmes solidaires de sa carrosserie sur plusieurs mètres. Ils finissent par tomber. L’un se cogne la tête sur le bitume et l’autre tombe lourdement sur son collègue et se blesse au genou.
Rémy a poursuivi sur sa lancée et achève de s’alcooliser au cours de la soirée pour dépasser ce moment où « il aurait paniqué », dit-il en procédure. Des déclarations qu’il a mis du temps à faire. Il lui a fallu entendre l’avis de plusieurs proches pour qu’il se présente de lui-même à la brigade. « Je suis quelqu’un qui respecte les gens et je tiens à m’excuser », précise-t-il à l’audience. Des mots qui sonnent un peu étrangement aux oreilles de la présidente Mennecier, sortant du dossier qu’il était plutôt inquiet des conséquences de sa fuite que de l’état des victimes.
Le parquet qui a lu les mêmes pages veut un mandat de dépôt pour accompagner les six mois ferme requis en plus d’une annulation du permis et d’une interdiction de le passer avant un an. « S’il n’est pas placé en détention, la justice ne passera pas », estime le procureur Gilles Bourdier pour appuyer son message de soutien du ministère public à la gendarmerie.
La communication n’est pas le souci de la défense qui veut éviter l’incarcération de son client. « Il s’est volontairement rendu […] a exprimé des regrets sincères. On peut s’interroger sur le fait d’avoir commis ce qu’on lui reproche […] il ne se l’explique pas lui-même », plaide Me Nicolas Fiorani.
Rémy écope de dix mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans et devra verser près de 3 200 € de réparations au gendarme le plus touché et un peu plus de 300 € à son collègue.