Campigneulles-les-Petites : un chauffard aurait pu tuer des gendarmes, la D939 fermée pour une reconstitution
PUBLIÉ LE 12/01/2016
En mai 2015, un homme qui roulait à plus de 200 km/h sur la D939 avait percuté un gendarme au moment où il allait être contrôlé. Le chauffard avait ensuite pris la fuite. Une enquête est en cours pour tentative de meurtre. Les faits sont tellement sensibles qu’un juge d’instruction a organisé une reconstitution, ce mercredi.
La fuite d’un chauffard est étroitement liée à la gravité des faits qui lui sont reprochés, dans une affaire qui remonte au 20 mai 2015. Ce jour-là, deux gendarmes de la brigade motorisée d’Écuires tentent de contrôler une grosse cylindrée allemande blanche, repérée un peu plus tôt en grand excès de vitesse sur la D939 dans le sens Hesdin – Montreuil (plus de 200 km/h au lieu de 110). À l’arrivée du bolide au rond-point de Campigneulles-les-Petites, les deux militaires motocyclistes font signe à l’automobiliste de s’arrêter.
Mais il poursuit sa route. Il frôle alors le premier militaire et percute le deuxième. Ses protections de motard l’ont sûrement préservé de blessures graves, mais il a tout de même été transporté à l’hôpital. La manœuvre du chauffard était-elle consciente ? Visait-elle à empêcher les gendarmes d’engager une poursuite ? C’est ce que semble indiquer l’information judiciaire, ouverte « contre X » (car le conducteur n’a pas été retrouvé), pour « tentative de meurtre sur un militaire de la gendarmerie », en plus de la vitesse et du refus d’obtempérer.
Les investigations sont menées par les gendarmes de la section de recherches (SR) de Boulogne, qui agissent sous une commission rogatoire du juge d’instruction Hervé Vlamynck.
Même trajet, même vitesse
Le magistrat a aussi mandaté un expert judiciaire civil pour une reconstitution qui se déroulera ce mercredi. Le directeur d’enquête de la SR explique : « En amont, nous avons effectué des constatations pour établir la vérité. L’enjeu de cette reconstitution, c’est que l’expert rende son analyse, à charge ou à décharge, avec des moyens techniques plus conséquents. »
Mercredi, donc, un véhicule similaire à celui du chauffard (prêté par un particulier et conduit par une personne formée), fera le même trajet sur la D939, à la même vitesse, jusqu’au rond-point. La scène du refus d’obtempérer sera répétée. Les trajectoires et les chocs seront analysés avec des moyens vidéo.
L’enjeu : définir si oui ou non les gendarmes étaient visés. Si c’est le cas, le fuyard risque la réclusion criminelle à perpétuité. Une lourde peine au regard de l’excès de vitesse de départ. Mais l’automobiliste avait peut-être d’autres choses à se reprocher…
La circulation sur la D939 dans le sens Hesdin – Montreuil sera interdite entre Campagne-les-Hesdin et le rond-point de fin de voie rapide (Campigneulles-les-petites), le mercredi 13 janvier à partir de 9 h 30.
Le fuyard peut-il être identifié ?
Dès le début de l’enquête, les investigations promettaient d’être longue. La SR de Boulogne, spécialisée en matière criminelle, a donc été saisie. L’adjudant qui gère le dossier à la SR présente : « C’est une question de procédure. Il s’agit d’abord de réaliser les constatations, puis de rassembler les preuves et enfin de confronter les éventuels acteurs. » Dans le cadre de cette information judiciaire pour tentative d’homicide volontaire, les gendarmes en sont aujourd’hui au deuxième stade, celui des preuves.
Pourquoi, dans le même temps, ne tentent-ils pas de localiser le chauffard ? L’adjudant démontre : « Il s’agit d’une enquête autour de la personne qui pourrait être mise en cause. Il faut d’abord s’assurer, de toutes les manières possibles, de la vérité des faits. » Il ajoute, sibyllin : « Nous devons d’abord réunir le maximum de preuves factuelles, même si nous possédons certains éléments concernant le véhicule qui pourraient permettre l’identification du conducteur… »
À ce stade de l’enquête, le bolide blanc est considéré comme une arme qui aurait pu tuer des gendarmes. Si la journée de mercredi le confirme, il restera à trouver l’auteur de l’agression.
L’auteur risque la réclusion criminelle à perpétuité
D’après le code pénal, la peine encourue est la même pour une tentative d’homicide et pour un homicide (article 121-4). L’accusé est alors jugé en cour d’assises.
L’article 221-1 du code pénal indique : « Le fait de donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre. Il est puni de trente ans de réclusion criminelle. »
L’article 221-4 précise que dans le cadre d’un homicide sur un gendarme (comme sur un magistrat, un juré, un avocat, un officier public ou ministériel, un policier, un agent des douanes, de l’administration pénitentiaire…), l’accusé risque la réclusion criminelle à perpétuité.
La reconstitution de mercredi peut tenir lieu d’appel à témoin. Même si l’événement remonte à plusieurs mois, un tel bolide qui roule à vive allure peut marquer les esprits. Les personnes qui disposeraient d’informations peuvent contacter leur brigade de gendarmerie locale.