Haro contre le délabrement des casernes
Des élus dénoncent le délabrement des casernes de gendarmerie. Celle de Satory, à Versailles, en est l’exemple.
Trop c’est trop… L’état de vétusté avancé des logements de la gendarmerie du quartier de Satory, ainsi que d’autres casernes en France, est en train de devenir un problème national. François de Mazières, le maire de Versailles et député des Yvelines, vient de dénoncer ce problème du mal-logement des gendarmes et militaires, dans un rapport parlementaire : « Alors que nos forces de sécurité font actuellement preuve d’un dévouement exemplaire pour protéger nos concitoyens, la communauté nationale doit, en retour, démontrer sa solidarité et s’assurer que ces fonctionnaires sont logés dans des logements décents. Or de nombreuses familles de gendarmes et de militaires habitent aujourd’hui dans des immeubles dégradés qui relèvent parfois de l’insalubrité », s’indigne le député-maire. La caserne Delpal, dans le quartier de Satory, est la plus grosse caserne de gendarmerie en France, avec près de 1.500 logements et 5.000 occupants. Sur le plateau de Satory, on trouve notamment les logements des unités de gendarmes mobiles et du GIGN (groupement d’intervention de la gendarmerie nationale). Les locaux n’ont pas été rénovés depuis des décennies, les installations électriques ne respectent pas les normes de sécurité et tous les vitrages sont à refaire. « Cette situation est à la fois dangereuse et coûteuse en terme de gaspillage énergétique », dénonce encore le rapport parlementaire. « Il existe une grosse incompréhension et une colère de nos collègues. Pour ne parler que de mon expérience, un jour en m’appuyant à la vitre de la cuisine celle-ci a cédé ! Dans cette même pièce, il y un trou dans le mur donnant sur l’extérieur que je cache avec un meuble », témoigne Kevin Crombez, délégué du GBGM (groupement blindé de la gendarmerie mobile) de l’association Gend XXI. Ce jeune gendarme de 25 ans connaît bien la situation. Il occupe actuellement un petit appartement de 50 m2, dans la caserne, mais a passé son enfance dans des logements de gendarmerie puisque son père est également gendarme.
Pas un euro de crédit de fonctionnement
C’est simple, depuis 2013, l’Etat a purement et simplement dépensé 0 euro de crédit de fonctionnement pour les casernes de gendarmerie. Car les baisses de crédits sont de plus en plus fortes d’année en année. Le budget total des investissements immobiliers de l’Etat (maintenance lourde, construction, etc.) est ainsi passé de 202 millions d’euros en 2002 à 74 millions en 2015 et sera probablement de 56 en 2016. Ce n’est pas tout. Le « renouvellement » du parc des casernes se réalise de plus en plus selon des montages juridiques complexes, proches des PPP (partenariats publics privés). Du coup, le rythme annuel des remboursements est appelé à s’accélérer après 2018 : « Ces dépenses réduiront d’autant la capacité des ministères à consacrer des crédits à la réhabilitation des casernes », soulève encore François de Mazières. Selon lui, la solution doit passer par la création d’un programme national de réhabilitation des casernes dégradées dont l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) serait l’un des opérateurs. Une option retoquée par l’Assemblée nationale le 6 décembre.
3.000 casernes de gendarmerie sont réparties sur le territoire français.
34.000 logements sont gérés par les collectivités territoriales, notamment les départements.
56 millions d’euros de crédits seront engagés en 2016 pour l’entretien des casernes, contre 200 millions d’euros en 2008.
Source : Cour des Comptes.